Monsieur le Père Noël,

je ne sais pas comment on vous dit au féminin.

Alors je vous garde comme le porteur de mes espoirs d'avocat individuel condamné à grandir et je vous écris cette première lettre qui se termina par un voeu et par une proposition.

Pas question de vous demander des chocolats dans la poche de ma robe noire.

Il y en a de très bons à Dunkerque, au bout de ma rue ce sont même les meilleurs!

Beaucoup de bruit sur l'automatisation de la justice qui rationalisera le service public...

Des réflexions sur la cybernétique judiciaire.

Des chantiers de la réforme du service public de la justice menés à la hâte, sinon au "au carcher"...

Des échecs sur des propositions trop décalées culturellement de la tradition du droit civil français comme le divorce/répudiation devant notaire; bides également sur la boulimie répressive et ridicule de "dédé ça va couper" si bien caricaturé par l'UFC que choisir avec le site "dénonce tes potes"...

Le vrai débat sous l'introduction des nouvelles technologies dans le service public de la justice est la suppression larvée des magistrats et des policiers pour tendre vers un acte judiciaire automatique et comptabilisé.

La nouvelle pénologie actuaire bien décrite par monsieur Garapon, la doctrine de la déjudiciarisation stigmatisée par le Pr AMRANI MEKKI sont des idées néo scientistes qui cachent souvent un recul des libertés.

Supprimez des magistrats, confiez le "petit" contentieux ou la gestion des litiges à des personnes non formées à la motivation des jugements, désignées par le parquet ou par on ne sais qui;

Multipliez les occasions de faire taire les avocats ou de les humilier et vous serez les porteurs d'un pays qui s'abaisse du rang de démocratie au niveau des barbares.

Parfois la justice prend des accents du "22 à ASNIERES"...

Au nom de la communication on peut bloquer une salle d'audience pour y laisser trôner un écran plat inutile...

La visio conférence qui n'est qu'un instrument peut servir à confisquer le débat et l'intimité entre l'avocat et son client.

Les parois invisibles des nouvelles technologies sont en efet presque plus contraignates que les murs.

La CEDH a indiqué à l'Italie le cadre juridique pour les visio conférences dans une décision récente.

En effet:

- si, sous prétexte de "rationalisation", l'avocat doit tenir son entretien préalable à l'audience avec la présence d'un "technicien", si la partie civile peut entendre l'entretien, si le détenu est entouré dans la salle où il est filmé de ses surveillants et co détenus....

- si après l'audience, la discussion intime entre l'avocat et son client, sur l'opportunité de faire appel doit se tenir devant la juridiction réunie, a fortiori pour un mineur... ect...

Alors, les doléances exprimées par le Conseil National des Barreaux et spécialement par Alain Mikowski, Président de la Commission Libertés et droits de l'homme du Conseil national des barreaux, qui a adressé le 9 juin 2009, un courrier à l'ensemble des Bâtonniers afin d'attirer leur attention et celle des avocats sur l'utilisation de la visioconférence par les juridictions en matière pénale, sont des doléances de fond.

Alors cher Père Noël je vais faire un voeu:

Que l'Homme reste au coeur de l'oeuvre de justice et que la justice soit rendue par des juges dans un acte qui conservera sa fonction symbolique.

Et puis, je vais faire une proposition:

Mettre "à plat" tous les chantiers, sans structure partisane, organiser trois jours validés au titre de la formation permanente et faire le point au cours d'états généraux sur:

-l'AJ, la préservation des métiers des partenaires de justice (70% des avocats sont des individuels), les équivalences entre les métiers et les conséquences prévisibles de la gestion actuaire pour le service public de la justice: ingénieurs/avocats, l'avenir des rôles de chacun: les ingénieurs devenus avocats iront en garde à vue, les notaires déposeront des brevets, les avocats à défaut de faire des kilomètre à l'AJ (payée 6 mois après, hors frais) pour plaider des dossiers à la Cour d'Appel ou pour assurer la mise en état se reconvertiront en impresarii, la justice pour les mineurs, pour les "petits dossiers" comme les divorces, les pensions alimentaires et autres cas "simples" sera rendue par des "intermittents du spectacle" moins onéreux et totalement allégeant à l'autorité locale qui sera intervenue en faveur de leur nomination!...

Etc... Etc...

Et puis, lorsque ces choses auront été bien débattues, en tenant compte d'une vision de terrain, non partisane, il sera temps de partir sur un livre blanc dans lequel il sera question de restaurer l'image de la justice, de l'efficacité des décision, de la place de l'homme en tant qu'acteur des mutations technologiques, de démocratie numérique, de stabilisation du droit, de l'Esprit éternel du législateur dans le Souffle des Lois.