Il a attendu pour partir que soit passé l'aniversaire qu'il aimait tant.

Aujourd'hui, mes clients le savent, le cabinet est fermé.

Une bulle dédiée à ceux qui comprennent et à ceux qui comprendront.

Mon vieux

Dans son vieux pardessus râpé

Il s'en allait l'hiver, l'été

Dans le petit matin frileux

Mon vieux.

Y avait qu'un dimanche par semaine

Les autres jours, c'était la graine

Qu'il allait gagner comme on peut

Mon vieux.

L'été, on allait voir la mer

Tu vois c'était pas la misère

C'était pas non plus l'paradis

Hé oui tant pis.

Dans son vieux pardessus râpé

Il a pris pendant des années

L'même autobus de banlieue

Mon vieux.

L'soir en rentrant du boulot

Il s'asseyait sans dire un mot

Il était du genre silencieux

Mon vieux.

Les dimanches étaient monotones

On n'recevait jamais personne

Ça n'le rendait pas malheureux

Je crois, mon vieux.

Dans son vieux pardessus râpé

Les jours de paye quand il rentrait

On l'entendait gueuler un peu

Mon vieux.

Nous, on connaissait la chanson

Tout y passait, bourgeois, patrons,

La gauche, la droite, même le bon Dieu

Avec mon vieux.

Chez nous y avait pas la télé

C'est dehors que j'allais chercher

Pendant quelques heures l'évasion

Tu sais, c'est con!

Dire que j'ai passé des années

A côté de lui sans le r'garder

On a à peine ouvert les yeux

Nous deux.

J'aurais pu c'était pas malin

Faire avec lui un bout d'chemin

Ça l'aurait p't'-êt' rendu heureux

Mon vieux.

Mais quand on a juste quinze ans

On n'a pas le cœur assez grand

Pour y loger tout's ces chos's-là

Tu vois.

Maintenant qu'il est loin d'ici

En pensant à tout ça, j'me dis

"J'aim'rais bien qu'il soit près de moi"

PAPA...

Paroles: Michèle Senlis & Daniel Guichard. Musique: Jean Ferrat 1974

© Alleluia