En forme de clin d'oeil à ma consoeur Me BAUER qui a écrit un billet sur la robe, je me suis replongé dans un ouvrage de déontologie (1), l'ouvrage a été réactualisé magnifiquement depuis mais on y trouve des lignes d'une grande pureté sur les origines de notre ministère.

Je ne parle pas du feu sacré, celui qui, dès tout petit, vous fait cabrer contre l'injustice.

Un article y était dédié.

Juste deux lignes après Mon confrère De Valon et à la suite de mes aînés, sur le théme:

- d'où venons nous?

- où allons - nous?

Répondant à Stéphane Valory sur la modernité du doctorat et les rapport de cette formation avec le métier d'avocat, nous émetions l'idée que si l'université prépare aux métiers du droit de façon générale, de nombreux aspects professionnels n'y sont pas abordés. Si le doctorat bénéficie d'une permanence académique, elle ne doit pas dispenser de l'apprentissage de règles toutes professionnelles qui dérivent elles aussi d'une tradition, ou de traditions (2).

De celle de l'habit parlons nous?

D'aucun diront que les avocats ont toujours l'habit de prêtre, peut être?... On ne prête qu'aux riches...

Selon l'ouvrage précité, si un capitulaire de Charlemagne fait référence à des avocats, le barreau ne débuterait qu'à partir du moment où le Parlement devient fixe en 1302 et le tableau ou matricule des avocats daterait de 1327 avec l'ordonnance de Philippe de Valois.

Le barreau est à l'époque "un ordre clérical comme les chapitres de chamoines ou les ordres religieux".

Il y a trois classes d'avocats:

- les consularii qui conseillent parfois la cour;

- les advocatii qui plaident;

- les audientii, ou novi qui se forment en écoutant, en silence.

Quelle que soit l'expérience antérieure, je dois dire que ces années d'observation permises par les stages sont une vraie source de profit pour l'impétrant et relèvent de la permanence de méthodes.

Les couleurs et signes de reconnaissance ont variés avec le temps, ils changeront encore sur la forme, mais subsiteront, je le pense.

Sous l'ancien régime:

Lisons " A coté de ces éclésiastiques figurent néamoins quelques laïcs; le Collège des avocats est en effet un collège laïc m^me si tous les membres de l'ordre portent les costume des clercs, la soutane talaire, c'est à dire descendant jusqu'aux talons, avec les larges manches en usage à l'époque et que les avocats ont conservée... ils portent en outre sur cette robe, un manteau, la simare qui est d'écarlate rouge pour les consultants, d'écarlate violette pour les plaidants et d'écarlate blanche pour les novices"...

Je passe les bonnets, et chaperons herminés auxquels selon certains les procureurs n'avaient pas droit ...(3)

D'après MMe DAMIEN et HAMELIN, et pour tenter de répondre à mon confrère BAUER, c'est à l'époque classique, pré-révolutionaire que la tradition parisienne serait née.

Dans cette histoire pas de deuil ni de fioritures juste l'affirmation symbolique de la place de l'avocat dans le processus judiciaire "c'est à cette époque que l'avocat se mit à porter sur la tête un bonnet rond, curieusement nommé d'ailleurs "bonnet carré", identique à celui des éclésiastiques, et qu'il a le privilège, pour marquer son indépendance, de porter pendant qu'il parle en justice; il peut en effet plaider couvert. Le chaperon dont il couvrait jadis sa tête est placé alors sur l'épaule comme une aumusse de chanoine; aux grandes audiences et dans les cérémonies publiques les avocats portaient le chaperon fourré d'hermine, aux petites audiences, ils le portaient simple et sans fourrure.

C'est la tradition qu'a conservée le barreau de Paris."

La révolution supprime toutes les corporations, mais crée "l'ambulance" qui oblige les défenseurs, clandestinisés, ou non officiels, à plaider à plusieurs endroits en même temps...

Bref, le premier Consul restaurera un certain nombre de choses permanentes dans l'univers judiciaire qui consiste à ce que certains aillent présenter la cause d'autres dans le respect de règles, je vous conseille la lecture de cet ouvrge si instructif.

Aujourd'hui les Docteurs ont droit à une épitoge à trois rangs d'hermine, les avocats parisiens n'en portent pas, sauf a être honorés par l'Odre alors que la province porte l'hermine blanche.

Qui se soucie de cela?

Ne trouverions-nous que les anglos-saxons pour valoriser leur systhème éducatif, leurs traditions et pour imposer leur pensée?

Je ne le crois pas, la quantité ne fera rien à l'affaire, nos traditions existent elles aussi, elles nous lient dans l'idéal de défendre, la passion de convaincre et le respect mutuel.

J'écrirai bientôt trois lignes sur les mots du serment "moderne".

(1) Les règles de la profession d'avocat, 9ème ed. Dalloz, 1998

(2) Regards croisés sur le doctorat, Droit et Economie, nov. 2004, J. Dupré - J.-L. Colombani, propos receuiilis par S. Valory, p. 13)

(3) J. Boedels, les habits du pouvoir, la justice, Paris, 1992