« On ne vous demande pas de penser », « on m’a dit que… », « vous avez un problème de management »… Critiques, sarcasmes, brimades, humiliations, propos calomnieux, insultes, menaces à répétition…
Vous sentez qu’au bureau ou à l’usine quelque chose ne tourne pas rond ? Que ce qu’on vous dit manque de bienveillance ? Que votre manager est un sociopathe ? Que la pression est trop forte ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse, pris (e) dans un étau ? De ne pas vous en sortir ? Votre confiance en vous se lézarde ? Vous êtes sur le point de craquer ?
Peut-être faites vous l’objet d’un harcèlement moral. De quoi s’agit-il ? Et êtes vous concerné(e) ? Et si oui, comment réagir ?
Qu’est-ce que le harcèlement moral ?
Le point de vue du juriste
Le harcèlement moral est un délit.
Article 222-33-2 du code pénal : Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel est puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30.000 € d’amende.
Article L1152-1 du code du travail : aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
Le point de vue de la psychologue du travail
Des attaques à répétition portent atteinte à la santé mentale et physique de la personne. Le problème majeur de ces situations est leur caractère subtil et insidieux : une personne qui subit ses agissements sent bien que quelque chose ne tourne pas rond mais elle doute … d'elle-même avant tout, de sa valeur et de sa capacité à bien faire son travail. Pour peu que le harceleur souffle le froid et le chaud, le doute perdure, le sentiment d'incompétence professionnelle s'intensifie, offrant au harceleur un terrain propice à une emprise. C'est la descente aux enfers pour le harcelé : irritabilité, fatigue, tristesse, conduites addictives, manifestations psychosomatiques, douleurs, maladie, depression pouvant conduire au suicide.
Comment réagir ?
Le point de vue du juriste
L’employeur a l'obligation de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de prévenir le harcèlement moral. Il faut faire remonter l'information par le canal approprié : représentant du personnel, tiers de confiance, médecin du travail, supérieur hiérarchique, inspection du travail...
En cas de défaillance de l’employeur et en l’absence d’actions correctives, la victime de harcèlement peut :
- intenter un recours contre son employeur devant le Conseil de Prud’hommes,
- porter plainte contre le harceleur devant le tribunal correctionnel (avec constitution de partie civile si elle veut être indemnisée de son préjudice).
Le salarié victime d’actes de harcèlement moral peut prétendre à des dommages et intérêts réparant le préjudice subi du fait de l’absence de mesures de prévention en la matière, et ceci même s’il a été indemnisé par la juridiction pénale pour l’infraction de harcèlement moral retenue à l’encontre de son employeur. Cass. soc. 12-4-2018 no 16-29.072 F-D
Le point de vue de la psychologue du travail
Le premier réflexe doit être d'en parler. Ne surtout pas s'isoler. Il est essentiel d'échanger avec des personnes de confiance : l'entourage proche ou un tiers professionnel. En parler évite au harcelé de se noyer dans un flot de pensées déformantes qui l'empêcheront de voir la réalité, à savoir une situation anormale déclenchée par une personnalité maltraitante en la personne d'un collègue ou d'un hiérarchique. Une fois la situation clarifiée, celle-ci doit être acceptée. Se rappeler alors la pensée de Marc Aurèle : "que la force me soit donnée de changer ce que je peux changer et le courage d'accepter ce que je ne peux pas changer". Accepter ne veut pas dire laisser-faire, bien au contraire ! Le travail d'acceptation permet l'action. Touver des appuis en interne (représentants syndicaux, DRH par exemple) avec lesquels une mutation ou un départ amiable pourra être organisé est une solution. Aller consulter un avocat afin de savoir ce qu'il est possible de mettre en place en est une autre. Et pour aller mieux, acceptez une aide psychologique qui pourra être également l'occasion de faire un bilan sur votre parcours.
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