Une première mondiale donne l'occasion de s'interroger sur la question de savoir qui a vocation à bénéficier de certaines techniques de lutte contre la stérilité.


« Première naissance après une autogreffe de tissu ovarien »

Source : Le Parisien, La Croix, Libération, Le Figaro, L’Humanité via MEDISCOOP.

Première française, issue d'une collaboration des CHU de Besançon et Limoges, et 6ème naissance dans le monde, un bébé est né en France d'une mère devenue stérile à la suite d'une chimiothérapie, après autogreffe de tissus ovarien.

Préalablement à sa chimiothérapie, qui risquait d'induire une stérilisation chimique, la future mère s'est faite retirer un ovaire- ovaire préservé par congélation puis réintrodui dans le corps de la jeune femme après le traitement chimique pour une fertilisation.

La réimplantation de son ovaire a été une réussite totale, la jeune femme étant enceinte dans les 6 mois de la greffe, par voie naturelle, alors que l'équipe médicale s'orientait vers une fécondation in vitro.

Le Pr François Olivennes explique, dans Le Parisien que « cette technique présente un intérêt absolument majeur, car elle concerne dans l’immédiat toutes les jeunes femmes, n’ayant pas plus de 35 ans, victimes d’un cancer et qui subissent un traitement stérilisant ».

Il relève également, et c'est l'objet du présent billet, que cette technique pourrait évoluer vers deux autres applications possibles, en plus de la préservation de la stérilité arpsè traitement stérilisant:

1- " la préservation de la fertilité de la femme qui voudrait stocker son capital folliculaire pour une grossesse tardive"

2- " un traitement contre la ménopause : une femme ferait congeler un ovaire, qu’on lui grefferait avant l’apparition des premiers signes de la ménopause, prolongeant ainsi son activité génitrice ».

Sur ce point particulier, l'éthique peut être heurtée:

Est-il cohérent de retarder l'âge possible de la grossesse pour des raisons de convenance personnelle ?

Est-il cohérent d'amputer une femme de la moitié de son capital ovarien, hors toute considération médicale, simplement pour lui permettre d'allonger la durée de sa période de fertilité ?

Le désir d'enfant doit-il aller jusqu'à distendre la réalité socio-familiale?

En résumé, qui pourra bénéficier de cette technologie?

Les femmes dont il faudra reconstituer la fonction génitrice, incontestablement.

Mais les autres? Celles qui, pouvant, ne veulent pas, pourront-elles bénéficier de cette avancée technique pour "optimiser" leur désir d'enfant? Jusqu'à quel âge?

Et l'enfant dans tout çà? Quel est son intérêt?

Ariel DAHAN

Avocat