Viens donc t’échouer sur le triste rivage de la justice !
Vous les voyez les ministres de la justice qui se succèdent, en une danse macabre, pérorer sans fin pour glorifier, les uns après les autres, leur action.
Mais quand on parle de la justice civile, celle qui ne rapporte pas de voix aux élections, on doit bien constater qu’année après année, décennie après décennie, les projets sont toujours les mêmes, empreints d’un conformisme total ; qui visent à réduire la sphère d’activité du juge comme on écope une vieille barque qui prend l’eau.
Ainsi le décret Rivage qui est en malsaine gestation se propose donc :
- De relever le taux d’appel à la somme de 10 000 €, c’est-à-dire qu’en deçà de 10 000 € le citoyen n’a plus le droit de faire appel ; quel progrès démocratique ! L’esclavage est une liberté…
- D’imposer un mode amiable obligatoire avant de saisir le juge en deçà de 10 000 €. Vous aurez le choix : soit un médiateur payant, soit un conciliateur de justice gratuit plein de bonne volonté et de dévouement ; souvent un retraité. L’important restant de diminuer le travail du juge.
- On parle aussi d’un filtrage en appel. C’est-à-dire que le président d’une chambre pourrait évacuer par ordonnance certains appels manifestement irrecevables, a aujourd’hui un débat peut exister, démocratique, devant le Conseiller de la mise en état. Progrès ?
Ce qu’on observe, c’est que toutes les réformes de procédure subies dans le passé visent simplement à réduire l’accès au juge mais, pour autant, les délais ne s’améliorent pas.
Il y a des sanctions procédurales pour les avocats en appel s’ils n’agissent pas très vite, mais les délais restent d’une lenteur abyssale.
On reçoit des avis d’audience pour 2027, certains 2029.
Dans la vie de tous les jours, on pourrait conclure que les mesures prises années après année ne sont pas efficaces et c’est probablement pourquoi on continue, on continue, on continue… pour finalement s’échouer ou échouer.
De temps en temps on parle aussi de revalorisation des traitements des magistrats et les greffiers, qui rament pour maintenir à flot ce désuet esquif de rester les éternels oubliés.
Rien ne change donc, mais tout va très bien !


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