Aparté avant d'aborder le sujet demain (assurance médicale et responsabilité), histoire de remonter un peu dans les popularités ! :


Me revoilà Confrères, clients (ça j’y crois pas trop) clients potentiels (c’est mieux), lecteurs fidèles, surfeurs fous pour errer sur nos sites juridiques sans intérêt et ennuyeux, dont finalement le seul attrait reste les articles hors d’à propos, les élucubrations, les sans rapport avec le sujet, les photos des uns, les voyages des autres, les villages perdus, les projets d’architecture « tribunalesques », les coups de gueule, les cris du cœur, les instants de vie de confrères marseillais, les fleurs, les paysages, les tests, les sondages, les rencontres blogosphériques, les cocasseries d’audience, les tribulations de jeunes confrères, les anecdotes farfelues vécues dans l’intimité de nos cabinets, les passions des uns, les indignations des autres, les commentaires qui révèlent nos personnalités.

J’étais partie dans d’autres sphères, je croyais m’être évadée de ce monde de droit, mais la raison a eu raison de moi, et me voilà revenue telle une fille prodigue, la tête lourde et les idées peu claires.

Car c’est mon univers, c’est mon moteur diesel que je voudrais turbo. Ce droit, ce blog, c’est comme un aimant qui nous attire inéluctablement, après qu’on l’a retourné pour qu’il nous repousse, c’est lui qui se retourne pour nous attirer. Et à cet instant, on a beau vouloir s’en éloigner, on y revient malgré tout, et malgré nous, parce que l’attraction est trop forte, parce qu’il nous fait vivre, nous anime, nous procure la satisfaction d’une création, d’un écrit, d’une audience, d’un compliment, d’un remerciement.

Pourtant quel autre métier stupide nous oblige à rester au bureau jusqu’à pas d’heure pour dicter des mots qui seront jaunis dans un mois, dont personne ne se souviendra de la signification, jusqu’aux magistrats qui auront oublié la nature de l’affaire. Quelle autre métier nous fait faire des devoirs si tard le soir, que finalement nous restons des étudiants attardés, fatigués par les années perdues à profiter du temps (à ce titre, vous pourriez vous reporter à ma précédente chronique relative à la mise en ligne d’un article de Sénèque dont la lecture douloureuse vous (me) renvoie à cette incapacité à appliquer les préceptes qu’il prône alors que l’on sait que le temps qui nous est imparti sur cette terre est tellement incertain, mais que malgré tout nous vivons comme si nous étions éternels).

C’est mon métier, c’est mon petit drame, c’est aussi ma grande joie de lire un jugement qui me donne tellement de satisfaction qu’il me faut sur le champ au risque de ne pas paraître assez professionnel, appeler le client sur son téléphone portable pour lui communiquer cette émotion, lui faire partager cette victoire, lui faire vivre sa victoire par nous.

Mais le calme revenu, nous sommes si petits, si rien, si éphémères, si inconséquents, si interchangeables.

Je regardais les noms des Bâtonniers sur le mur de la maison de l’avocat à Grasse, et je constatais avec tristesse que je ne connaissais que les derniers…