Le 30 juin 2022 ont été publiés au JO 2 arrêtés du 24 juin 2022 par lesquels la ministre de la culture a refusé les certificats d'exportation demandés pour 2 œuvres ayant été déclarées trésors nationaux par la commission consultative des trésors nationaux.
 
La 1ère œuvre est une huile sur toile de Watteau, Le bal champêtre, peinte vers 1713-1715.
 
Ce tableau est remarquable à plusieurs égards :

  • c’est le 1er exemple abouti de fête galante
  • il a joué un rôle important dans la redécouverte de Watteau
  • ses dimensions importantes en font l’une des peintures les plus ambitieuses de Watteau, plutôt coutumier des œuvres de petit format
  • il a appartenu à plusieurs importantes collections (ducs d’Orléans, famille de Noailles)
  • sa facture dénote la virtuosité de Watteau, dont l’univers raffiné s’inscrit dans l’esprit de la Régence

Pour la commission, cette œuvre majeure de la carrière de Watteau et représentative de son art constitue un jalon essentiel dans la mise au point du genre pictural de la fête galante, et eut une influence considérable sur la peinture française de son siècle et au-delà.
 
La 2nde œuvre est une huile sur toile de Géricault, Etude de chevaux à l’écurie : 24 croupes et un poitrail, dit aussi Les Croupes, peinte vers 1813.
 
Ce tableau se distingue des nombreuses représentations de chevaux de Géricault par :

  • son grand format qui l’apparente à une peinture d’histoire
  • sa célébrité, s’agissant d’une des œuvres les plus chères vendues à la mort de Géricault ;
  • ses effets d’accumulation sérielle de postérieurs de chevaux
  • le caractère inédit du traitement du motif iconographique, qui s’intéresse moins aux morphologies musculosquelettiques qu’à la variété des robes et des crins, à la nervosité et au caractère de chaque coursier
  • son appartenance à plusieurs collections prestigieuses (Ferdinand Raphaël Bischoffsheim)

Pour la commission, cette œuvre que cette œuvre marque, par les effets de sérialité, d’occultation des avant-trains ainsi que sa composition en registres superposés, se rapprochant de l’esprit des études botaniques et des planches encyclopédiques, une nouvelle conception du portrait animalier, détournant la tradition aristocratique en la matière.
 
Rappel : l’exportation d’un bien culturel est soumise à l’obtention d’un certificat, lequel peut être refusé si le bien présente le caractère de trésor national, notamment s'il présente "un intérêt majeur pour le patrimoine national au point de vue de l'histoire, de l'art ou de l'archéologie" (cf. procédure aux articles R.111-4 et suivants du Code du patrimoine).
 
Désormais, et conformément à l’article L. 121-1 du Code du patrimoine, l’Etat a 30 mois pour présenter une offre d’achat de ces 2 œuvres, afin de compléter ses collections publiques.