L'industrie automobile est fondamentale pour le développement économique de la France et de l'Europe. Elle génère un niveau d'emploi direct ou dérivé tel que les Etats ne peuvent s'en passer. Depuis la crise des Subprimes, et le 3ème choc pétrolier de 2008, cette industrie est sinistrée.

Elle perd ses clients, désolvabilisés par la hausse du carburant. Elle perd ses capacités d'investissement, dillapidés dans la crise bancaire. Enfin, elle est confrontée à un choc industriel majeur : l'abandon de la technologie du moteur à essence pour les technologies "propres" (électrique ou pile à combustible).

Ce secteur doit donc être aidé, comme les Etats ont aidé le secteur bancaire. C'est le constat que font tous les économistes. C'est également le discours de tous les politiques. C'est d'ailleurs la décision prise par le gouvernement américain, dernière décision de l'ère Bush.

Quelle pourait être la forme d'une "bonne" aide à l'industrie automobile?

Intervention des fonds structurels européens:

Mme Lagarde, Ministre de l'Economie, souhaite voir intervenir en premier rang la Banque Européenne d'Investissements (BEI), pour procéder à des prêts bonifiés. De fait, c'est bien le rôle de la BEI d'apporter son soutient à des secteurs de l'industrie "rentables", mais en difficulté temporaire. La BEI supplérait ainsi la faiblesse actuelle des Banques, qui se retrouvent dans l'impossibilité d'accorder des financements à long terme aux constructeurs. Ce dont souffrent les constructeurs aujourd'hui (outre la perte de clientèle conjoncturelle, liée à la variation du cours du pétrole et à la hausse du chômage), c'est bien d'un manque de liquidités pour faire face aux besoins structurels.

Mais personne n'évoque les fonds structurels européens ayant vocation à intervenir :

Le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) et le FSE (Fonds Social Européen), dont la fonction est d'aider les secteurs géographiques ou industriels en crise (chômage notamment). Ce qui semble symptomatique d'un comportement a-mémoriel : les hommes politiques passent leur temps à créer des institutions nouvelles, sans même essayer d'utiliser celles qui leur ont été léguées par leurs aînés.

Aides d'Etat à l'Industrie:

De l'autre côté de l'Atlantique, les Etats-Unis ont mis en place un plan d'aide à l'industrie automobile, de 25 Mrd de dollars, afin d'aider le secteur à réorienter sa production vers des modèles "écologiques". (Plan Polson, vôté le 27 septembre 2008 par le Congrés). L'Union Européenne envisage de contester cette aide à l'industrie américaine devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Difficile ensuite de mettre en place des aides nationales, de montants équivalents, sur le même secteur et visant les mêmes buts.

Pourtant, c'est bien d'aides à la modernisation technologique dont l'industrie automobile a besoin.

En effet, nous sommes actuellement dans une impasse technologique et donc commerciale:

Le pétrole n'est plus une énergie durable ni acceptable, pour le transport automobile, compte tenu de ses coûts, du risque de pénurie et de son niveau de pollution.

Tout l'effort de l'industrie depuis 35 ans (1973 - premier choc pétrolier) a été de diminuer le niveau de consommation des moteurs. Puis de baisser le niveau d'émission de gaz de combustion. Sans parvenir à développer des technologies alternatives.

Il a même été tenté une maladroite mise en place des bio-carburants, qui s'est soldée par un échec économique (flambée des matières premières agricoles et pénurie alimentaire).

Aujourd'hui, le consommateur, futur acheteur de ces technologies, doit choisir entre attendre la commercialisation de la première technologie de l'après-pétrole, ou acheter une voiture à la technologie obsolète. Sachant que la durée moyenne d'utilisation d'une voiture est de 8 ans, et que le coût du carburant va probablement remonter à ses plus hauts historiques, le coût d'utilisation d'un moteur thermique à essence peut être prohibitif sur le long-terme.

Il faut donc mettre au point les nouvelles technologies énergétiques. (Pile à combustible, Batteries, Solaire).

Il est donc logique d'aider l'industrie à développer et à mettre sur le marché ces nouvelles technologies. Mais il faudra également que l'Etat développe des infrastructures adaptées (réseau de recharge électrique ou de recharge des piles à combustible).

Cette aide pouvant être apportée notammnent par de l'investissement en capital, ou de la garantie de prêts.

Les politiques comme les industriels évoquent l'intervention du nouveau "fonds souverain" français en cours de constitution. (Fonds Stratégique d'Investissement - FSI).

Ce qui pose le problème de savoir comment seront gérés les capitaux mis à la disposition du FSI par les Etats. Quel constructeur en sera le premier bénéficiaire? Renault (détenue à 15% par l'Etat) ?, Nissan, filliale de Renault? Peugeo-Citroën? Honda, qui construit une part importante de ses véhicules sur le territoire français? D'autres marques européennes? (Opel, filliale de GM, marque américaine?, VW, filliale de Porsche? Mercedes? Fiat? Seat? Tata? ...). Les prétendants aux milliards sont nombreux.

Autre type d'aide, plus classique : l'incitation fiscale à la recherche, déjà largement utilisée en France et en Allemagne.

Enfin, il faut envisager aussi les aides à l'achat des véhicules, incitations fiscales à acheter un véhicule propre, ou primes à la casse. Le problème étant que ces incitations ont un effet pervers, en ce qu'elles déclenchent des ventes anticipées, et vont affaiblir les ventes de l'année N+1.

Mais pour que ces aides soient efficaces, encore faut-il s'assurer qu'elles ne serviront pas à renflouer des dettes structurelles, mais bien à financer de l'investissement lourd (chaines de production, développement de technologies propres).