Lorsque la lassitude vous guette, voici un remède efficace contre la grise mine.
Tout d'abord ne faire la grasse matinée que jusqu'à huit heures du matin, et se dire que l'on va profiter de ses deux heures gagnées sur ce sommeil qui pourtant nous manque cruellement,
Savourer son nectar préféré dont l'odeur réveille déjà nos sens encore endormis avant même que l'on ne l'ait dégusté,
Se laver à grande eau, et dans un éternel recommencement matinal, se purifier ainsi de l'extérieur,
Mettre le nez dehors et vérifier qu'il fait beau alors qu'il a plu toute la semaine durant. S'il pleut la variante pourrait être la suivante : mettre le nez dehors et vérifier qu'il pleut enfin, alors que toute végétation déjà gelée par le froid, était vouée à une mort prochaine causée par la sécheresse,
Prendre son moyen de locomotion préféré, et rouler vers un lieu protégé exempt de toute agitation extérieure,
Si le transport le permet, écouter ce prince charmant aux bras tatoués et aux jeans déchirés qui n'est pas hors d'usage et croire que ses mots nous sont destinés, l'écouter ainsi dire que si dans un an et un jour, personne ne nous a réclamé, nous serons sa res nullius et vivrons un amour suprême avant d'aller ensemble au paradis, parce que nous sommes la seule fille sur terre,
Sur le trajet profiter du soleil qui nous illumine ou se dire que tel paysage ne sera pas terre brûlée cet été,
Montrer patte blanche pour entrer dans ce lieu protégé dont seuls les membres peuvent profiter,
Préparer une pièce de deux euros, et surtout pas de un euro, sous peine de rester dehors, parce que seule la première permet de déposer ses effets personnels dans son vestiaire pour accéder au secteur protégé,
Passer au détecteur de métaux pour éviter tout objet porteur de haine dans ce lieu si paisible,
Se laisser ensuite conduire dans les dédales des couloirs cloisonnés dont l'accès n'est possible qu'avec la clé que seul le gardien du temple possède,
Entrevoir enfin la loge qui nous est destinée, et attendre l'arrivée de celui pour qui nous avons franchi toutes ces étapes,
Se laisser bercer par le récit qu'il nous livre, digne des plus grands chef d'œuvre cinématographiques,
Décider de quitter ce lieu dans lequel seules les conversations des hôtes se font entendre, et peut-être quelques bourdonnements électriques,
Récupérer ses affaires laissées pêle-mêle à l'entrée pour éviter toute intrusion néfaste venant du monde extérieur,
Laisser se refermer sur nous cette grande porte qui paraissait infranchissable de l'intérieur,
Retrouver alors dans un moment de lucidité sa raison, et se regarder marcher pour s'apercevoir que cette visite a été salvatrice,
Réaliser que tous les petits maux qui nous ont souillés sont restés de l'autre côté de la porte,
Un lieu magique ? Un monastère ? Un SPA ?
Non, simplement la maison d'arrêt dans laquelle je suis rentrée, libre.
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