La position fermement affichée par les producteurs d'OGM, que les gènes ne franchissant pas la barrière des espèces, le risque de dissémination de gènes d'organismes modifiés est nul, cette position est en train d'être remise en cause par les derniers éléments de la recherche.

Coup sur coup, deux découvertes viennent confirmer que certains gènes peuvent passer d'une espèce à une autre, et même d'un genre (végétal) à un autre (animal).

De quoi ré-alimenter le débat sur l'autorisation d'introduire dans les produits de consommation des organismes génétiquement modifiés.

De quoi également s'interroger sur la pertinence des méthodes de contrôle.


Une étude récente, de Yves BERTHEAU (Directeur de recherches de l'INRA Versailles), rendue publique par le mensuel "Science & Vie" sous le titre "Les OGM passent-ils dans le sang?" initie la polémique a propos d'une analyse du devenir de l'ADN du maïs Bt176. (S&V mars 2009)

En effet, son équipe de recherche a détecté, sur un groupe de bovins nouris au Bt176 des traces d'ADN de ce maïs transgénique dans le sang de la population d'étude. Preuve que l'ADN du maïs a bien franchis la barrière épithéliale de l'intestin des bovins, pour être assimilé et se retrouver dans son sang.

Le problème relevé par Yves BERTHEAU étant que la méthode habituelle utilisée pour détecter les traces d'OGM est insuffisante pour détecter les faibles traces d'ADN dans le sang, de sorte que les analyses réalisées actuellement sont insuffisantes pour garantir une fillière bovine sans OGM. Il faut donc faire confiance à la traçabilité documentaire.

Une seconde étude, plus fortuite, a permi à Mary RUMPHO (University of Maine) de mettre en évidence un transfert horizontal de gènes soit la capacité pour certaines espèces animales, d'assimiler un gène végétal spécifique, celui de la photosynthèse. (Science & Vie mars 2009 - New Scientist 24 nov. 2008).

En l'occurence, l'étude portait sur une Limace de mer, Elysia Chlorotica, qui a la particularité d'absorber, à l'occasion de ses premiers repas, des algues et d'en retenir les chloroplastes, cellules responsables de la photosynthèse chez le végétal. Or, après les avoir absorbé, ces cellules ne se dégradent pas dans son estomac, mais continuent leur fonction de génèse protéinique, ce qui permet à l'animal, en s'exposant régulièrement à la lumière, de générer le stock de protéines dont il a besoin pour sa survie.

Se passant ainsi d'autre source d'alimentation.

Une analyse génétique de cette limace "solaire" a permis de déterminer que le gène codant la fonction de photosynthèse (psb0) était bien assimilé par l'animal, et qu'outre cette assimilation, l'animal avait la faculté de le retransmettre à sa descendance directe.

Sans s'appesantir sur le sens biologique de cette découverte, ces deux informations présentées en même temps indiquent clairement qu'un gène d'une espèce végétale peut être transmis à une espèce animale qui l'aurait ingéré.

Ce qui pose clairement le problème du risque de l'expression accidentelle de certains gènes d'organismes modifiés chez l'animal ou l'Etre Humain qui l'auraient ingérés:

On sait que certains gènes ont un potentiel léthal à très court terme, ne serait-ce que le gène codant la stérilisation de l'organisme modifié. Que se passerait-il si ce gène, présent dans le maïs ou le soja OGM, venait à être assimilé par l'organisme évolué qui le consomme? Qu'il s'agisse du bovin ou de l'Humain, le risque est grand.

Il me semble donc important de réfléchir à nouveau à la question des OGM. Ce n'est pas parce qu'une technique existe qu'elle est bonne. Et ce n'est pas parce qu'elle est bonne qu'il faut l'utiliser.

Le principe de précaution devrait prévaloir.

Enfin, en corrolaire à cette information, il faut s'interroger sur la pertinence des méthodes de détection et de contrôle actuels, ainsi que sur la valeur juridique des affichages obligatoires. En effet, la question n'est plus uniquement de savoir détecter la présence d'"OGM" dans la composition de produits alimentaires. La question devient à très court terme de savoir comment détecter la présence de fragments d'ADN correspondant à l'expression d'un gène d'OGM.

Car, si l'interprétation de ces deux découvertes est cohérente, c'est bien toute la chaîne alimentaire qui se trouve à très court terme contaminée par l'expression d'un gène volontairement modifié.

Et en dépit des discours lénifiants des laboratoires et des distributeurs d'OGM, qui prétendent que les gènes modifiés ne se diffusent pas dans la chaîne alimentaire, il est évident que certains peuvent effectuement être diffusés et contamminer un ordre animal ou végétal, donc franchir allègrement la barrière des espèces.

Il est donc urgent d'interdire les OGM définitivement de la chaîne alimentaire. Ou a tout le moins de permettre un libre choix total et effectif au consommateur.

Ariel DAHAN

Avocat