Souvenez - vous ce texte d'Apolinaire: la beauté est elle fatalement vénéneuse?
On ne peut pas considérer ce poème comme un sonnet car il y a un découpage décroissant qui construit l'effacement des yeux de la femme aimée mais dangereuse.
A la fin, il reste simplement le poète dans sa douleur, dans un monde où tout s'éloigne. Le poète dit sa mélancolie en construisant une forme qui se superpose à un sens.
Ce soir je pense à Mado, dont les yeux brilleront toujours.
______________________________________
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit, tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Pas de contribution, soyez le premier