Je remercie vivement la Gazette du Palais et Eve Boccara qui nous livrent une réédition synthétique et actualisée de l'article paru page 5 de la Gazette n° 59 à 60 des 28 février et 1er mars 2014 :

« Au secours, ce blog va mourir », « Ami lecteur, puisque je meurs... », « L'enterrement de la blogosphère des avocats : sans fleur ni couronne » Ces derniers jours ont vu défiler les titres catastrophistes sur les réseaux sociaux et blogs d'avocats...

Pourquoi tant de larmes ?

Les rumeurs bruissaient depuis plusieurs semaines. Le 21 février, c'est le président du Conseil national des barreaux Jean-Marie Burguburu lui-même qui les confirmait, dans un e-mail adressé à l'ensemble de la profession où il annonçait « la fin à l'hébergement gratuit des blogs d'avocats à échéance du 31 mars prochain ». C'est-à-dire demain....

Depuis, les internautes se déchaînent contre ces « décideurs de la rue de Londres », décidemment « sans parole ». « Ces blogs sont une des meilleures choses qu'ait jamais faite le CNB », témoigne Albert Caston, spécialiste du droit de la construction dont le site est classé comme le plus actif de la blogosphère. « C'est inadmissible de nous lâcher en rase campagne ». Car, en sept ans, les blogueurs made by CNB se sont faits la main... Albert Caston est, lui, passé de quelque 6 000 visites annuelles sur son site en 2008, à plus de 200 000 en 2013. Et Bernard Kuchukian, numéro deux de ce même classement revendique 450 000 annuelles. Ainsi, plus de 1 500 avocats ont bénéficié, depuis 2007, de l'aubaine du blog proposé via avocats.fr. Des sites éclectiques et de qualité inégale... Mais certains de ces nouveaux geeks ont gagné un très bon référencement sur Google. Et pour un avocat, cela compte. Qu'en sera-t-il demain ? Le CNB l'admet, un changement d'hébergeur risquerait d'entraîner un retour à la case départ dans le monde virtuel...

En 2007, lorsque les élus de la rue de Londres contractent avec Affinitiz afin de créer une blogosphère destinée aux 55 000 avocats français désireux d'en profiter, l'ambiance est pourtant à la fête. Viacet hébergeur gratuit, payé directement par l'institution, chacun est encouragé à créer son blog, y écrire des commentaires de jurisprudence, de la doctrine, ou des billets d'humeur, bref... Le Barreau français doit envahir la toile pour couper l'herbe sous le pied des dizaines de sites internet sur lesquels on peut trouver gratuitement des informations juridiques plus ou moins valables. Mais la mayonnaise ne prend pas et l'ambiance change. La décision de rompre le contrat avec l'hébergeur Affinitiz est-elle politique ou financière ? Jean-Marie Burguburu affirme aujourd'hui que 60 000 avocats « n'ont pas à payer 55 000 euros par ans pour quelques dizaines de blogueurs très actifs ». L'homme a tout de même tenté d'enrayer la polémique qui enflait sur twitter à l'annonce de la fermeture de la plateforme, en se fendant d'un nouveau mail apaisant, le 3 mars, où il affirmait qu'aucun blog ne disparaîtrait. Le CNB s'engage à rendre les contenus et à aider recréer les sites. Mais le problème n'est pas là... Il est celui de l'adresse avocats.fr. Comment garder adresse et référencement sans l'hébergeur Affinitiz choisi à l'époque ? Le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur,songerait à ouvrir sa future grande bibliothèque du droit aux blogueurs laissés sur le carreau. A condition que le CNB accepte de voir Parisjouer, encore une fois, les Zorro.

Eve Boccara