Une justice indépendante et égale pour tous, enfin presque !

Communiqué du Syndicat de la magistrature en réaction aux propos inadmissibles de certains politique suite à la mise en examen de Nicolas Sarkozy le 21 mars 2013

Communiqués de presse, publié le 22 mars 2013, mis à jour le 22 mars 2013

Cela faisait longtemps... Longtemps que certains politiciens ne s'étaient pas crus autorisés à commenter et dénigrer la décision de trois magistrats qui n'avait pas l'heur de leur plaire.

Mais quand ces juges d'instruction ont osé - ô crime de lèse-majesté - « mettre en examen » Nicolas Sarkozy, lui-même adepte fervent de la séparation des pouvoirs, ses plus ardents défenseurs se sont déchaînés...

C'est ainsi que François Fillon est « stupéfait » par une décision qui lui « apparaît aussi injuste qu'extravagante ». Pour Thierry Mariani, fin connaisseur du monde judiciaire, « c'est un acte politique ». Il est pour lui évident que « certains magistrats ont des comptes à régler avec l'ancien président de la République et ont des arrière-pensées politiques ». Il est conforté dans cette analyse percutante par Christian Estrosi pour qui cette affaire a « des relents politiques évidents ». Certains vont même jusqu'à évoquer un complot de François Hollande, auquel participerait la justice, pour assurer sa tranquillité en 2017... La palme revient cependant au récidiviste Henri Guaino pour qui la « façon dont le juge Gentil fait son travail » est « indigne » et pour qui ce magistrat aurait « déshonoré un homme et la Justice » et devrait « s'expliquer »...

Il faudrait visiblement que Nicolas Sarkozy bénéficie d'un Code de procédure pénale différent de celui applicable à ses concitoyens...

Le Syndicat de la magistrature n'est pas par principe hostile à une critique objective du fonctionnement de la justice, mais il dénonce avec force ces attaques démagogiques, qui ne visent qu'à affaiblir l'autorité judiciaire à des fins politiciennes, et ces pressions sur des magistrats qui, appliquant la loi, prennent des décisions qu'ils estiment utiles à la manifestation de la vérité. Comme les 16 autres personnes mises en examen dans l'affaire dite « Bettencourt », Nicolas Sarkozy bénéficie de la présomption d'innocence et de voies de recours, mais les propos de « ses amis politiques » n'ont pas leur place dans une démocratie.