Le phénomène des algues vertes en Bretagne ne peut que "perdurer" car la profession agricole "n'est pas prête" à "accepter un changement profond des pratiques", écrit le préfet des Côtes d'Armor, Jean-Louis Fargeas, dans une note révélée par Le Télégramme et Ouest-France.
Cette note "confidentielle" datée du 4 septembre, publiée par les sites internet des deux quotidiens, a été adressée au Premier ministre, au ministre de l'Intérieur, et à la secrétaire d'Etat à l'Ecologie.
"La diminution visible et notable de ce phénomène ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, ce que la profession agricole n'est pas prête à accepter pour le moment", écrit le préfet. Le phénomène des algues vertes, apparu dans les années 70, est dû à l'apport de nitrates issus de l'agriculture.
"Il s'agit de révolutionner sur ces secteurs (...) les pratiques agricoles et changer complètement le modèle économique existant", ajoute cette note. "Cette évolution n'est pas envisageable pour le moment, le phénomène des algues vertes ne peut donc que perdurer", poursuit la note.
Pointés du doigt depuis des années, les agriculteurs bretons ont récemment redit qu'ils refusaient d'être les seuls "boucs émissaires" et insistent sur l'évolution de leurs pratiques et les efforts réalisés.
Une mission interministérielle sur la prolifération des algues vertes est en cours et devra remettra ses conclusions à François Fillon en décembre.
"Afin d'éviter que l'Etat soit de nouveau mis en cause (il a été condamné par le tribunal administratif en 2007, ndlr) et pour obtenir des résultats en la matière, il importe néanmoins d'afficher une politique volontariste pérenne" pour stabiliser ou limiter ce phénomène, écrit encore le préfet.
La mission avait été décidée après la confirmation fin août par un rapport que l'hydrogène sulfuré, un gaz qui émane notamment des algues vertes en décomposition, pouvait être "mortel" en cas de concentration importante. Ce rapport faisait suite à la mort d'un cheval fin juillet sur une plage de Saint-Michel-en-Grève (Côtes-d'Armor).
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