1) La collaboration libérale connaît actuellement une crise. Quelles mesures préconisez-vous pour y remédier au sein du barreau de Paris ?

FC : A titre préalable, nous voulons rappeler que nous sommes une candidature de rupture avec les précédents Bâtonnats.

Les confrères n’ont plus confiance dans l’institution ordinale, accaparée par des ordinaux issus majoritairement d’un syndicat financé par l’ordre. Cette consanguinité des élites ordinales est incompatible avec un ordre impartial.

J’ai été un élu MAC (Manifeste des avocats collaborateurs) au conseil de l’ordre de Paris (mandat de 2019 à 2021). J’ai toujours milité pour la transparence et l’impartialité de l’ordre. Je veux poursuivre mon engagement.

CM : A 38 ans, je suis la benjamine des candidates au vice-Bâtonnat.

Je m’investirai sur les problématiques des avocates et avocats collaborateurs, la parentalité des avocats et pour le développement entrepreneurial des cabinets.

FC : Il y a un attrait très fort pour la profession d’avocats.

J’ai plusieurs étudiants en stage dans mon cabinet d’avocats.

J’ai vu l’énorme investissement de la nouvelle génération et leur désir sans faille de devenir avocat. Nous nous en réjouissons !

D’ailleurs, je suis contre la réforme qui vise à imposer un Master 2 pour passer le CRFPA.

CM : En mai 2023, il y a 13 633 avocats collaborateurs dont 8 780 femmes (66%) et 4 883 hommes (33%) qui représentent 40% du Barreau de Paris et qui sont l’avenir de notre profession.

Il y a une demande de télétravail chez les digital natives avocats qu’il faut accompagner.

L’ordre des avocats doit être innovant.

Nous voulons imposer le télétravail dans les cabinets d’avocats à Paris.

Nous sommes le seul binôme parmi les 6 candidats au Bâtonnat 2024 à vouloir imposer le télétravail.

Nous voulons aller vite et fort.

FC : Si nous sommes élus, à compter du 1er mars 2024, les avocates et avocats collaborateurs et élèves avocats bénéficieront de 22 jours de télétravail (soit 2 jours par mois), via une modification de l’article 14 du RIBP.

Ceci permettra une meilleur Qualité de Vie au Travail des avocats collaborateurs, une meilleure productivité pour les cabinets et participera à la sobriété énergétique.

Comme je viens de le rappeler 66% des avocats collaborateurs sont des femmes.

Or, les femmes avocates ont une charge mentale beaucoup plus importantes que les hommes avocats.

Elles doivent s’occuper des enfants, de la préparation des repas, des courses, ce que ne font pas assez les hommes. Ce n’est d’ailleurs pas acceptable.

Nous avons mis en place le télétravail dans notre cabinet et cela marche très bien.

FC : Par ailleurs, des avocates sont en risque en matière de harcèlement sexuel.

Le Bâtonnier de Paris doit prendre des mesures fortes.

Que des confrères imposent un pantalon en cuir pour aller en prison à des avocates collaboratrices n’est pas acceptable.

Ils violent leur serment et nos règles déontologiques.

Certains confrères, parce qu’ils ont une certaine notoriété ou qu’ils gagnent très bien leur vie, ne respectent plus notre déontologie.

Il faut que cela cesse !

CM : Dès le 1er janvier 2024, nous voulons un  plan d’urgence contre les violences sexistes et sexuelles et le harcèlement au sein des cabinets.

Le Bâtonnier, la vice-Bâtonnière et les 42 MCO se rendront, une fois par mois, chacun dans un cabinet différent, pour sensibiliser les confrères à la lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles et le harcèlement moral.

Cette mesure serait très forte.

Elle montrerait tant aux cabinets d’avocats qu’aux avocats collaborateurs la position intransigeante du bâtonnier de Paris concernant les Harcèlements sexuel et moral.

L’ordre doit créer, au 1er janvier 2024, un compte Instagram Comhadis pour faciliter les saisines.

FC : Le minimal ordinal doit passer à 4 100 euros (actuellement 3 300 euros), sauf demande motivée du cabinet, qui sera appréciée par le rapporteur.

CM : L’ordre organisera un référendum, mi-2024, sur la mise en place d’une assurance perte de collaboration généralisée et payée par l’ordre.

Les indemnités de stage des élèves avocats de l’EFB seront augmentées pour leur permettre de vivre dignement.

FC : Le contrat de collaboration libéral devra prévoir, à compter du 1er mars 2024, une prime annuelle si le cabinet est profitable (modification du RIBP).

L’ordre doit aussi favoriser la diversité des avocats et notamment l’intégration des consœurs et confrères issues de milieux défavorisés et /ou de minorités ethniques ou sexuelles LGBT.

2) Comment souhaitez-vous de renforcer l’égalité Femmes / Hommes au sein du barreau ?

CM : Dès le 1er janvier 2024, le Bâtonnier, la vice-Bâtonnière et les 42 MCO se rendront, une fois par mois, chacun dans un cabinet différent, pour rappeler les règles en matière d’égalité Femmes / Hommes notamment en matière de rémunération et de parentalité.

Nous négocierons avec un prestataire une garde d’enfants d’urgence pour les avocates et les avocats, proche du Tribunal Judiciaire et de la Cour d’appel de Paris.

 

Nous devons aussi permettre également aux papas avocats de prendre effectivement leur congé de paternité.

3) Quelles sont vos propositions pour aider les cabinets à se développer ?

CM : L’ordre doit négocier auprès de BNPP des prêts (personnels ou professionnels) à taux préférentiel pour les avocates et avocats (La BNPP gère les fonds de la CARPA).

L’ordre organisera un appel d’offres pour offrir aux consœurs et confrères la plus performante plateforme de données juridiques.

A compter du 1er mars 2024, un rendez-vous, trimestriel gratuit, sera organisé à la Maison des avocats (Porte de Clichy) au cours duquel les confrères pourront échanger pour développer des synergies, s’associer, recruter un collaborateur, créer une legaltech, etc. 

Il faut créer du lien entre les confrères.

4)         Comment envisagez-vous les rapports du barreau de Paris avec les autres institutions représentatives de la profession d’avocat ?

FC : Le Bâtonnier de Paris n’est pas le Président du CNB.

Les pouvoirs ne sont pas les mêmes.

Il faut travailler main dans la main avec le CNB.

Nous devons porter devant le CNB nos réformes de progrès notamment le droit au télétravail pour les avocates et avocats collaborateurs.

 

5)Quelles sont les trois autres axes les plus importants de votre candidature ?

FC : Nous sommes une candidature de rupture avec les précédents bâtonnats.

Nous voulons un bâtonnat économe et solidaire et non un bâtonnat d’apparat 

L‘ordre doit montrer l’exemple par le haut.

C’est notre quoiqu’il en coûte !

Le Bâtonnier renoncera, au 1er janvier 2024, à sa voiture avec chauffeur qui est un exemple symptomatique de la déconnexion de nos élites ordinales.

Un abonnement de type taxi G7 affaires suffira au Bâtonnier.

Nous sommes le seul binôme parmi les 6 candidats au Bâtonnat 2024 à vouloir renoncer à la voiture avec chauffeur et à vouloir imposer des mesures de transparence ordinale.

Après une étude de faisabilité, un nouveau véhicule adapté aux transports de consœurs et confrères handicapés ou malades sera mis à la disposition de ces derniers.

CM : Au 1er janvier 2024, nous arrêterons le gaspillage des dépenses de communication de l’ordre.

A titre d’exemple, nous internaliserons le bulletin du bâtonnier ce qui économisera 250.000 euros par an et nous supprimerons le Paris Legal Makers au Palais Brogniart qui sera redéployé à la Maison des avocats, ce qui économisera 700 000 euros (cf. budget ODA 2021).

Le budget du secours de l’ordre, qui est actuellement de 100 000 euros sera augmenté.

FC : Nous voulons également un plan d’urgence, dès le 1er janvier 2024, pour un ordre impartial et la transparence ordinale.

Encore une fois, l’ordre montrera l’exemple par le haut !

3,8 millions d’euros d’honoraires sont versés à 53 avocats missionnés (source ODA 2023).

Tous les postes de direction d’avocats missionnés seront ouverts aux 34 000 consœurs et confrères et non plus réservés à une poignée d’ordinaux.

Cela concerne les emplois de secrétaire général, directeur de la déontologie, directeur de règlement des litiges professionnels, Directeur du Service de l’Exercice, etc.

La Data room annuelle en juin de chaque année pour consulter les comptes de l’ordre des avocats sera ouverte sur rdv à tous les avocats du Barreau (et non plus réservée aux ordinaux).

FC : L’ordre des avocats de Paris n’est pas capable d’organiser une élection de son Bâtonnier et vice Bâtonnier démocratique et égalitaire.

Il faut permettre l’égalité des candidats au Bâtonnat. L’ordre des avocats de Paris remboursera les dépenses de campagne à partir du 1er janvier 2025.

Ces dépenses de campagne seront plafonnées à 10 000 euros (montant à débattre en CO) par binôme. Elles devront être publiées et certifiées par un comptable.

FC : Pour notre campagne au Bâtonnat 2024, nous n’avons, ni directeurs de campagne, ni d’agence de communication.

Si nous sommes élus, nous n’aurons pas à « renvoyer l’ascenseur » à des confrères ou agences de communication, qui seraient payés, in fine, par les cotisations des confrères !

Ces pratiques sont illégales et nous les condamnons fermement !

CM : Les procès-verbaux des réunions du conseil de l’ordre (sauf la partie disciplinaire) et les rapports du conseil de l’ordre seront consultables sur le site de l’ordre des avocats à partir du 1er janvier 2024.

Chaque année, le bâtonnier, le vice bâtonnier et les 42 MCO devront faire une déclaration d’intérêts qui sera publiée sur le site de l’ordre.

Le bâtonnier recevra les consœurs et confrères sur rdv un vendredi par mois.

FC : Last but not least, l’ordre doit obtenir, par du lobbying, une réforme du décret Magendie.

Nous avons un ancien avocat à la Chancellerie. Il faut aller lui parler franchement et fermement.

Ce décret a créé une souffrance au travail inutile pour les avocats et créé des centaines de situations Kafkaïennes.

Le décret Magendie n’a pas amélioré la procédure d’appel.

Enfin, le Bâtonnier continuera son travail acharné de défense du secret professionnel dans les perquisitions en cabinet ou au domicile d’avocats.

 

Frédéric CHHUM candidat au Bâtonnat

Christine Maran Candidate au vice Bâtonnat