Le sexisme est une réalité quotidienne dans beaucoup d’entreprises, principalement à cause de la difficulté à définir clairement ce phénomène qui peut prendre de multiples formes.

 

La séduction peut-elle être qualifiée de sexisme et punie en tant que tel ?

Les frontières ne sont pas toujours limpides.

 

Définition légale du sexisme :

Le Code du travail condamne fermement les agissements sexistes, définis comme « tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant » (Article L. 1142-2-1 du Code du travail).

L'outrage sexiste et sexuel se caractérise par le fait d'imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante (C. pénal., art.  222-33-1-1).

L'outrage sexiste et sexuel, qui est réprimé en tant que tel par le code pénal, peut être invoqué lorsque la qualification de harcèlement n'est pas possible, notamment lorsque les propos ou comportements n'ont pas été répétés.

Lorsque ce fait est accompagné d'une circonstance aggravante, lorsqu'il est commis notamment par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ou lorsqu'il est commis sur un mineur ou sur une personne dont la particulière vulnérabilité due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse est apparente ou connue de son auteur, il peut être puni d'une amende de 3 750 € avec possibilité d'une amende forfaitaire de 300 €, et éventuellement de peines complémentaires.

Malgré cette interdiction, dans les faits, le sexisme est une réalité quotidienne dans beaucoup d’entreprises.

Loin de n’être qu’anecdotiques, les discriminations sexistes au travail ont un réel impact sur la santé physique et mentale des personnes qui en sont la cible.

Alors, comment le reconnaître et comment le distinguer du harcèlement sexuel ?

 

Comment reconnaître le sexisme ?

 

Le sexisme est une notion assez complexe en raison de la multitude de formes qu’il peut prendre.

 Une base commune à tous les agissements sexistes, qu’ils soient conscients ou non, est qu’ils ont pour conséquence de désavantager les femmes ou les hommes, que ce soit par l’oppression, l’humiliation, l’exclusion, etc.

Même si le discours de beaucoup d’entreprises peut laisser à penser que le sexisme au travail fait partie du passé, la réalité est toute différente.

Son mode d’expression a évolué en revanche : les comportements négatifs à l’égard des femmes ou des hommes sont désormais plus subtils, prêtant facilement à l’ambivalence, ce qui les rend difficiles à qualifier.

 

Les différentes formes de sexisme au travail :

 

Le Conseil supérieur à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes distingue plusieurs degrés de sexisme :

Le sexisme ouvertement hostile :

 

Dans certains cas, le sexisme est intentionnel, bien visible, et sans équivoque.

L’opinion négative et défavorable à l’égard du sexe opposé est alors exprimée ouvertement, ce qui la rend plus facile à démontrer.

On constate encore cette forme de sexisme dans les secteurs d’activité traditionnellement masculins, et dans les postes de gouvernance.

Les expressions employées sont sans aucune équivoque.

On y trouve des expressions telles que : « Le bruit de tes talons m’excite », « Mais y’ a pas assez de filles pour ça ? », « Tu seras gentille de faire ma vaisselle ? Vous êtes plus douées là-dedans, les femmes, pour ça je vous fais confiance » etc…

 

Le sexisme masqué :

 

Leurs auteurs affichent publiquement une opinion favorable à l’égalité des sexes, alors que, dans les actes, leur conduite peut aller à l’encontre totale de cette apparence (sous-valorisation de leurs collègues du sexe opposé, comportements poussant à l’échec, etc.).

La nature cachée de ce sexisme est volontaire, mais l’intention de nuire est tout à fait consciente.

 

Le sexisme subtil :

 

Le traitement inégalitaire est ici difficilement visible, car directement lié aux stéréotypes de sexe profondément ancrés dans notre société, par les traditions et croyances populaires, la religion, la mythologie, certaines théories scientifiques, voire même certaines lois.

 

Les acteurs de ce sexisme ne réalisent pas nécessairement que leur comportement est discriminatoire.

 

Le sexisme bienveillant :

 

Cette forme de sexisme se caractérise par des propos et attitudes différenciant favorablement, en apparence, les femmes, en leur accordant certaines qualités positives.

Le problème réside dans le fait que ces soi-disant qualités se basent sur des croyances condescendantes et/ou infantilisantes vis-à-vis des femmes.

Les porteurs de ce type de sexisme sont le plus souvent pétris de bonnes intentions, et ne se rendent pas compte du caractère discriminatoire de leurs propos.

 

Sexisme ordinaire au travail :

 

Dans leur quotidien professionnel, une majorité de femmes est concernée par le sexisme ordinaire, de près ou de loin.

Que ce soit au sein de leur équipe, de la part de supérieurs hiérarchiques, de prestataires ou de clients, 80 % des femmes en sont victimes selon le Conseil Supérieur à l’Egalité Professionnelle.

 

Les manifestations les plus courantes de sexisme au travail :

 

  • L’humour est un moyen très efficace de perpétuer et de diffuser des préjugés sexistes.

Non seulement, il peut mettre mal à l’aise, mais s’il soulève des questions ou des protestations, l’auteur de ces plaisanteries pourra se cacher derrière leur apparente inoffensivité.

L’usage d’interpellations familières (« ma belle », « ma petite », « ma mignonne », etc.) : Ces expressions peuvent paraître inoffensives, voire même bienveillantes, et participent à créer une « bonne ambiance » au sein de l’entreprise.

Pour beaucoup de femmes, cela crée un malaise manifeste.

 

  • Les incivilités basées sur le genre : elles peuvent être de natures diverses, mais elles reflètent en général un manque de respect évident (interruption d’une conversation, recours à un langage avilissant, mise en doute des compétences, appropriation des idées d’une autre, manque d’intérêt flagrant aux discours et opinions des femmes, etc.).

 

  • La stigmatisation envers les personnes qui ne se soumettent pas aux normes ordinairement associées à leur genre est courante.

 

Cette forme de sexisme touche principalement les femmes managers, qui font preuve de qualités traditionnellement attribuées aux hommes (autorité, aptitude au leadership, etc.).

 

  • La séduction feinte : les compliments relatifs à l’apparence physique, non désirés par la personne qui les reçoit, ont pour effet de la réduire à l’état d’objet.

 

  • Les propos sexistes sur la maternité et les charges familiales : même d’apparence anodine, ou sans réelle volonté de blesser, les remarques négatives adressées aux mères sont préjudiciables, d’autant plus qu’elles sont monnaie courante. 75 % des femmes ont ainsi subi des réflexions sur leur maternité et son impact supposé sur leur travail.

 

Harcèlement sexuel et agissements sexistes : quelles différences ?

 

Ces deux notions sont souvent imbriquées.

En effet, une entreprise dans laquelle les attitudes et propos sexistes sont tolérés, voire encouragés, favorise l’émergence de comportements déviants pouvant conduire à des cas de harcèlement sexuel.

Le harcèlement sexuel, tout comme le sexisme, est complexe à définir dans la mesure où il peut revêtir de multiples formes.

 

Il en existe deux types définis par le code du travail :

 

  • Acte unique assimilé au harcèlement sexuel : une pression grave a été exercée sur la victime, avec pour objectif réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle.

 

  • Agissements répétés : il se caractérise par des propos ou comportements à connotation sexuelle, non désirés, portant atteinte à la dignité de la personne, générateur d’un climat hostile, offensant ou intimidant.

 

Il s’agit également d’un délit

 

Il peut y avoir harcèlement sexuel, même :

En l’absence d’actes sexuels à proprement parler ;

Si la victime n’a pas clairement exprimé son absence de consentement ;

S’il n’y a pas de lien hiérarchique entre le harceleur présumé et la victime ;

Si l’auteur des faits a agi au profit d’un tiers ;

Si le harceleur n’avait pas conscience d’en être un.

 

En d’autres termes, les comportements sexistes peuvent confiner au harcèlement sexuel.

En effet, le fait de tenir des propos dégradants basés sur le sexe d’une personne portant atteinte à sa dignité est constitutif de harcèlement sexuel.

Dans une démarche de séduction, les relations sont positives, réciproques et égalitaires.

Les deux personnes sont à l’écoute de ce que leurs comportements et propos produisent chez l’autr. Cela se déroule dans le respect mutuel.

 

Le harcèlement sexuel et le sexisme s’appuient quant à eux sur un rapport de domination.

 

Au regard des sanctions qui y sont attachées et du développement important des signalements dus à la libération de la parole, il est nécessaire de s’emparer de ce sujet dans les entreprises afin de mettre en place une véritable politique de prévention et de sensibilisation dans la mesure où l’employeur en est responsable.

 

ACTION CONSEILS est à vos côtés pour vous y aider.