Créteil : un cahier de doléances contre la réforme de la justice

>Île-de-France & Oise>Val-de-Marne|Fanny Delporte et Corentin Lesueur|21 janvier 2019, 15h36|MAJ : 21 janvier 2019, 15h54|0

Créteil, ce lundi. Nouvelle mobilisation des avocats du Val-de-Marne qui ont ouvert un cahier de doléances à destination des "justiciables". DR

Particuliers et professionnels peuvent consigner leurs récriminations contre le texte, voté mercredi à l’assemblée nationale.

A midi, les grandes pages d’écoliers restaient vierges. Les avocats du barreau du Val-de-Marne, vent debout contre le projet de loi justice, veulent pourtant en faire le nouveau relais de leurs doléances, alors que le vote solennel de la réforme est prévu mercredi à l’assemblée nationale. Professionnels et particuliers peuvent désormais consigner leurs récriminations dans le cahier ouvert lundi au TGI de Créteil, à l’issue du « petit-déjeuner », rendez-vous hebdomadaire instauré en opposition au texte défendu par Nicole Belloubet.

Présente à la réunion, Me Isabelle Kistner préfère retenir les six feuilles de signatures glanées en soutien à leur pétition. « Ça ne suffit pas d’avoir les justiciables avec nous », tempère l’avocate, qui a constaté qu’ils étaient « très peu informés de cette réforme ».

 

Me Fatma Hajjaji n’a pas encore pris la plume, mais ça ne saurait tarder. L’avocate tonne contre « l’opacité dans les informations divulguées » sur une « réforme qui va éloigner un peu plus le justiciable des juges ». Sur les pages quadrillées, elle proposera l’inscription de « l’avenir de la justice » à l’agenda du grand débat national, mis sur pied par le gouvernement pour désamorcer le mouvement des « gilets jaunes ». « On parle beaucoup de justice fiscale en ce moment, pourquoi ne pas aborder la justice tout court ? », interroge-t-elle.

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« La réforme est scandaleuse, mais personne ne nous écoute »

Sa consœur, Me Délia Péralta-Lequerré, doute de l’utilité de l’initiative : « La réforme est scandaleuse, mais personne ne nous écoute. On a pourtant fait plein de manifestations. » Le barreau du Val-de-Marne compte en effet parmi les plus contestataires.

Le 3 décembre, une soixantaine d’avocats avaient ainsi bloqué l’accès au tribunal. Le lendemain, un petit groupe avait réussi à interrompre les débats sur le projet de loi à l’assemblée nationaledepuis les tribunes réservées au public. Ils avaient franchi les portes du Palais-Bourbon sans leurs robes. « Cela n’a duré que quelques secondes, mais l’objectif était de signifier notre opposition », avait expliqué l’une des participantes, Me Eva Bergamaschi.

Même si l’adoption définitive de la réforme est toujours attendue en février, la bâtonnière de Créteil, Me Pascale Taelman, fait du cahier de doléances la nouvelle étape d’une mobilisation loin de s’essouffler : « On va se mobiliser jusqu’à ce que la loi soit votée, car on a toujours un petit espoir de créer un débat. Le barreau du Val-de-Marne est déterminé et solide sur ses actions depuis le début. »