Une jurisprudence de notre cabinet sert de rappel que les informations récentes communiquées par les médias sur les erreurs médicales commises lors d'une péridurale ne sont pas rares.

Dans cette affaire, les rapports de deux collèges d'experts désignés par la CRCI (1er rapport) et le juge des référés (2ème rapport), constatent que le médecin anesthésiste n'a pas respecté les règles de bonnes pratiques et a commis des fautes en procédant à une rachianesthésie non recommandée après une péridurale, en ponctionnant à un niveau trop haut et en utilisant un produit surdosé et ont constaté que ces fautes étaient en lien de causalité avec l'arrêt cardio-circulatoire dont cette femme a été victime.

Il s'agit donc de 3 erreurs médicales 

  • la pratique d'une rachianesthésie après une péridurale
  • la ponction à un niveau trop haut
  • l'utilisation d'un produit anesthésique surdosé

Cette femme est restée atteinte d'un handicap grave nécessitant l'aide d'une tierce personne 24 heures sur 24.

Il convient de préciser qu'une allergie au Syntocinon a été écartée par les experts en raison de l'injection lente de ce produit et du tableau clinique décrit qui ne correspond pas à une manifestation allergique allant de la manifestation cutanée (ou rash cutané) à l'arrêt cardio-respiratoire brutal et immédiat lors de l'injection.

Concernant la possibilité d'une embolie amniotique, celle-ci ne peut être écartée faute de recherche en ce sens, mais ce diagnostic est souvent un diagnostic d'élimination alors que, dans cette affaire, la rachianesthésie haute est prévisible notamment suite à une péridurale en opposition aux recommandations de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR), étant observé que le médecin anesthésiste ne caractérise pas en quoi il pouvait s'en affranchir et quelles précautions il a pris au regard de ce qu'il dénomme la morphologie de la victime.

Enfin, une ponction pratiquée pour la rachianesthésie au-dessus du point L2 est source de risque de lésion médullaire car plus ce point de ponction est haut, plus le risque d'extension de la rachianesthésie est grand et plus le risque d'hypotension artérielle est important même avec l'utilisation de solutions hyperbares associées à une posture proclive.

On voit bien que non seulement la péridurale comporte des risques d'injection erronée mais encore elle est surtout dangereuse lorsqu'elle est suivie d'une rachianesthésie afin d'obtenir une analgésie plus rapide pour une césarienne en urgence.

Dimitri PHILOPOULOS

Avocat à la Cour de Paris et Docteur en Médecine

22 avenue de l'Observatoire - 75014 PARIS

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