C’est avec fracas que le nouveau dispositif en forme de potion magique aux effets permanents (sauf attaques de masse) est passé dans la presse :

Le président Emmanuel Macron a "pris les choses en mains", tremblez terroristes et autres « romains »: la nouvelle loi est entrée en vigueur et « nous ne sommes plus dans l’état d’urgence ».

Plus besoin d’y recourir puisque ses effets persistent, sauf en cas de tueries de masse, (devons nous comprendre autres attentats?) où là on nous promet encore des durcicements législatifs qui feront (encore plus) peur aux terroristes… !

Le président Macron est même allé prendre les devants à la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour justifier qu’il prit la législation la plus liberticide d’Europe.

Il est vrai que désormais en France l'appel des décisions de justice risque d'être encore dissuadé sous peine d'ammendes civiles avec incitations aux fonctionnaires, comme en matière de primes aux contraventions routières (si vous ne dénoncez pas celui qui conduisait votre véhicule, vous encourez une lourde amende...)

La CEDH ayant plusieurs fois condamné la France pour nombre de ses "spécificités":  "traitements dégradants" de détenus liés à la surpopulation carcérale, procédure pénale au millieu du gué...

Il a plaidé encore le Président.

Après le funeste vendredi 13 novembre 2015 et les actions commandos qui furent menées en plein Paris, le président de la République (l'ancien) a prononcé un discours fort dans lequel il parle de défense, de riposte, de guerre, d’état d’urgence…

D’autres politiciens ont fait entendre des voix qui suscitent des inquiétudes sur une certaine radicalisation du pays.

Le pas est sauté!

En mars 2016, le président français reculera sur des questions comme la déchéance de nationalité, en dépit de sanglants attentats comme celui de Bruxelles.

C’est la preuve que la France ne voulait pas céder.

Désormais on entend des commentaires sur les Djhiadhistes français qui montrent que là encore la provocation risque de produire son effet...!

Le succès des « nuits debout » qui essaiment au Canada et en France démontre aussi que l’état d’urgence permanent n’est peut-être pas la solution, les risques qu’un maintien de l’ordre trop musclé ne dégénère en affrontement fratricide sont permanents et la nouvelle loi ne fait rien à l'affaire…

Pourtant, les partisans d’une réponse ferme sont là eux aussi, ils ont en quelque sorte gagné et j'espère que les terroristes aurront suffisament peur du dispositif pour renoncer définitivement à viser la France.

Le juge Marc TREVIDIC affirme la nécessité de prendre Internet en compte comme outil de l’action et confirme le fait que des djihadistes se revendiquant de l’État islamique avaient déjà imaginé des attentats comparables à ceux qui ont frappé Paris le vendredi 13 novembre 2015.

Il décrit clairement la nécessité d’un travail humain à l’instruction ou au parquet dans le recueil, l’exploitation des renseignements judiciaires.

« Le juge d’instruction est confronté au même choix que le ministère public quant au sort à réserver aux personnes placées sous surveillance. Il bénéficie néanmoins d’un temps plus long pour recueillir les éléments – et donc pour prendre sa décision. Un individu peut avoir été placé sur écoutes téléphoniques pendant un ou deux ans, voire plus. Son trafic Internet a pu être capté et analysé. par le service enquêteur pendant une durée tout aussi longue : cela ne signifie pas qu’il sera un jour interpellé »…

Dans ce débat de la lutte antiterroriste, les personnes mises en cause peuvent faire valoir que même les juges d’instruction sont aveuglés par les services d’enquête. Ainsi, les institutions sont souillées et visées au premier chef par l’éternelle défense de rupture.

Jacques Vergès disait que « les poseurs de bombes sont des poseurs de questions… »

Quelles questions posent ces extrêmes qui utilisent les armes de la liberté d’expression contre la démocratie ?

Devrons nous combattre un Etat devenu totalitaire et la cause de cette radicalisation tout à la fois ?

Les « attentats » deviennent de plus en plus individualisés, de moins en moins prévisibles en France et partout…

Un dispositif de type Etat d’urgence permanent est il un remède contre la propagande ?

Une victoire militaire qui ne s'accompagnerait pas d'un dispositif effectif de renforcement de l'esprit de la loi et d'intégration humaine est il viable?

La loi de 1955 prise après les "événements d'Algerie"[1] a été amendée et, en particulier sur un point, la censure des médias, il dispose:« Le décret déclarant ou la loi prorogeant l'état d'urgence peuvent, par une disposition expresse:

1° Conférer aux autorités administratives visées à l'article 8 le pouvoir d'ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit ;

2° Habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales.

Les dispositions du paragraphe 1° du présent article ne sont applicables que dans les zones fixées par le décret prévu à l'article 2 ci-dessus."

Et donc, pour ce qui est de la diffusion virale de hoax, images délétères et autres slogans de propagande sur le net, comment cela est – il applicable?

L’homme, confronté à sa propre liberté s’expose désormais puisque toutes les captations sont autorisées en permanence...

Quoi de neuf?

On répondra "La moité de dix-huit!"... 

Dans son rapport avec Internet, le danger apparaît sous une forme très spécifique : en ouvrant son intimité au monde sans mettre de limites raisonnables.

En effet, c’est à domicile, dans l’intimité de chacun, que le processus opère. C’est simple et efficace : l’internaute accroc susceptible de commettre des infractions suit en général un parcours que l’on peut détecter.

L’individu s’isole dans sa bulle, sa « blogosphère », il rejoint une communauté d’avatars, et ses proches qui n’entrent pas dans le jeu, ses collègues et employeurs, peuvent pour lui devenir des suspects. La confiance glisse dans l’écran au lieu de rester à sa place première.

Il prendra son auto et foncera dans la foulle sans trop comprendre pourquoi son geste en fait., s'il n'est pas abattu, sans s'expliquer sur ses "fréquentations" de sites appelant à la guerre contre l'occident...

Dès lors, il est fondamental de comprendre le sentiment que nous avons selon lequel si délinquance numérique il y a – faite d’addiction et de passage à l’acte – alors l’addiction n’est rendue possible que par des méthodes employées sur la toile. Il sera largement question des manipulations effectuées indépendamment de la personne, voire des manipulateurs eux-mêmes. La menace ne porte plus uniquement sur les disques durs comme au temps des premières attaques virales des débuts d’Internet – temps où nous craignions pour nos données seules – mais également sur nos cercles intimes, notre équilibre personnel.

En effet, avec l’arrivée de la webcam et des amis « en ligne » dans nos cuisines, c’est bel et bien l’intimité de nos foyers qui est en jeu. « L’espace virtuel » n’est pas toujours un lieu éloigné de la réalité, par contre sous l’avatar se cache parfois un recruteur, une secte, un ennemi de la liberté…[2]

Le « World Wide Web » peut, au lieu de créer des passerelles entre les hommes, les isoler dans une solitude narcissique susceptible d’engendrer la marginalité et la délinquance et ainsi se muer en « World Wild Web ».

Et voici que l’hydre de la pensée unique et brutale qui fanatise les foules et désigne des coupables à la vindicte réitère des actions de guerre sur le sol français!

Face à cette réalité, une réflexion sur la réaction sociale dans un État libéral sera poursuivie. On ne peut rien effacer ou presque de ce qui a existé sur Internet. À nous de réfléchir sur les politiques publiques de préventions et les sanctions à prévoir face à ce phénomène.

Un « Patriot act » à la Française ?

Une réorganisation de la vie en société autour de la relation « homme/homme » ?

La mise en place de moyens de résistance à la pensée unique, ennemie éternelle !

 

 

 


[1] Modifiée par Ordonnance 60-372 1960-04-15 art. 1 JORF 17 avril 1960

 

[2].    C.f. le spot publicitaire d’Orangina, Mission 404 : Internet doit rester vivant [en ligne] http ://www.youtube.com/user/orangina ?v=fOrr2RbB0-0