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VIGILANCE ACCRUE POUR L’EMPLOYEUR et FICHAGE du SALARIE-DEBITEUR depuis le 1er juillet 2025
Le manque de magistrats et de personnel dans les greffes implique trop d’attente avant l’examen des affaires
La nouvelle procédure mise en place depuis le 1er juillet 2025 en matière de saisie des rémunérations se veut plus efficace et moins onéreuse pour la société au sens large….mais plus coûteuse pour le débiteur qui devra indemniser les deux commissaires de justice intervenant dans son dossier , à savoir : le saisissant qui initie la procédure et le départiteur qui se substitue au juge et à son secrétariat-greffe quant à la vérification du calcul des quotités , à l’information et la répartition des sommes saisies en cas de pluralité de créanciers….
Les frais engendrés par cette nouvelle procédure bicéphale (commissaire de justice saisissant et commissaire de justice départiteur) sont considérés comme des frais de justice à la charge du débiteur …
Le contentieux retiré au juge de l’exécution près le Tribunal Judiciaire relève désormais du monopole des commissaires de justice (ex- huissiers de justice ) et le juge ne dispose plus que d’une compétence résiduelle qui ne s’appliquera qu’en cas de contestation élevée par le salarié-débiteur dans le délai d’un mois suivant la remise du commandement de payer. En cas de saisine du juge, la procédure sera suspendue .
Le temps reste donc compté pour le salarié- débiteur En cas d’inertie , s’enclenchera le mécanisme de saisie entre les mains de l’employeur. Il est donc nécessaire de conseiller au salarié-débiteur de rechercher un accord en vue de la mise en place d’un échéancier avec le commissaire de justice dès la réception du commandement et de proposer un premier règlement, s’il reconnait l’existence et le montant de la dette .
Les délais à respecter demeurent stricts :
- 1er délai : un mois, à compter de la délivrance du commandement de payer au débiteur, pour contester ou trouver un accord avec le créancier et /ou son mandataire, à savoir le commissaire de justice saisissant. Gare aux actes remis durant l’été !!!!
- 2° délai : trois mois ,à compter de la délivrance du commandement de payer au débiteur pour que le commissaire de justice saisissant notifie à l’employeur l’existence d’une saisie des rémunérations.
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Les obligations d’information et de versement pesant sur l’employeur demeurent inchangées , seul l’interlocuteur a changé : il ne s’agit plus du juge et de son greffe mais d’ un commissaire de justice dit départiteur choisi sur la liste nationale des commissaires de justice qui aura pour mission de vérifier le calcul des quotités, et de répartir les sommes saisies entre les différents créanciers…il devient l’interlocuteur unique du créancier, du salarié-débiteur, de l’employeur-tiers saisi.
NOUVEAUTE ENCORE : Le salarié-débiteur fera l’objet d’un fichage au niveau national, au sein du nouveau registre numérique national des saisies rémunérations tenu par la chambre nationale des commissaires de justice .
Que penser de ce nouveau fichier qui stigmatise les mauvais payeurs ? Certes, l’employeur n’est pas habilité à accéder à ce registre mais les commissaires de justice qui peuvent le consulter y trouveront des renseignements pendant une durée de 10 ans au maximum sur les procédures de saisies des rémunérations en cours ….Actuellement , il n’est pas envisagé d’étendre ce fichier aux autres procédures d’exécution ,telles que la saisie-vente de meubles corporels, la saisie-attribution de créances, la saisie des droits incorporels, la saisie immobilière, le paiement direct en matière de pension alimentaire et les mesures d'expulsion….mais jusqu’à quand ?
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Cette réforme n’est pas anodine car elle préfigure sans doute d’autres transferts de compétence de la justice vers les auxiliaires de justice . En outre, elle écorne encore un peu plus le principe de gratuité lié au fonctionnement judicaire et peut provoquer quelque inquiétude en matière de fichage des débiteurs.
Références : décret 2025-125 du 12/2/2025 et articles L 212-1 et suivants et articles R 212-1-1 et suivants du Code des procédures civiles d'exécution
Avocat titulaire d'un certificat de spécialisation en Droit commercial, des affaires et de la concurrence et Droit du crédit et de la consommation
Compétences : Droit du crédit et de la consommation, Droit commercial, des affaires et de la concurrence, Droit de la famille, des personnes et de leur patrimoine, Droit du numérique et des communications, Contentieux devant les juridictions européennes, Droit de l'arbitrage
Barreau : Angers
Adresse : 2 BIS rue Montauban 49100 ANGERS
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