Fissures, infiltrations, défauts d’étanchéité, équipements défaillants… Ces situations sont sources d’inquiétude et de litiges.
Cet article a pour objectif de vous donner une lecture claire et pédagogique des mécanismes juridiques applicables en droit de la construction.

1. La réception des travaux : un moment clé

La réception des travaux constitue un acte fondamental. Elle marque la fin de l’exécution du contrat et le point de départ des principales garanties légales.

Elle peut être expresse ou tacite et intervenir avec ou sans réserves. À compter de cette date, le régime de responsabilité applicable change : certains désordres relèveront alors de garanties spécifiques, d’autres de la responsabilité contractuelle de droit commun.

En pratique, une réception mal formalisée ou discutée complique souvent les actions ultérieures du maître de l’ouvrage.

2. Les garanties légales après réception

Après la réception, le droit de la construction organise plusieurs niveaux de garanties, selon la gravité du désordre et sa nature.

La garantie décennale

Elle concerne les désordres les plus graves, notamment lorsqu’ils :

compromettent la solidité de l’ouvrage, ou

rendent l’ouvrage impropre à sa destination.

Elle s’applique également à certains éléments d’équipement indissociables de l’ouvrage. Cette garantie repose sur une responsabilité de plein droit des constructeurs, sans que le maître de l’ouvrage ait à démontrer une faute.

La garantie biennale (ou de bon fonctionnement)

Elle vise les éléments d’équipement dissociables de l’ouvrage, soumis à un régime plus court et à des conditions différentes.

3. Le dommage certain : une condition essentielle de l’indemnisation

Tous les désordres ne donnent pas automatiquement lieu à réparation. Le droit de la construction exige que le dommage soit certain.


Cela recouvre plusieurs hypothèses admises :

un dommage actuel,

un dommage évolutif, appelé à s’aggraver,

ou un dommage futur, lorsqu’il est inévitable.

La notion de désordre évolutif est particulièrement importante : dès lors que le désordre est suffisamment grave et dénoncé dans les délais, son aggravation future peut être prise en compte.

4. Et si les garanties légales ne s’appliquent pas ?

Lorsque les conditions des garanties décennale ou biennale ne sont pas réunies, la responsabilité contractuelle de droit commun peut subsister.

Ce régime s’applique notamment :

aux désordres qui ne présentent pas la gravité requise,

ou à certains intervenants spécifiques, comme les sous-traitants.

Il est toutefois essentiel de rappeler le principe de non-cumul : un même dommage ne peut pas être indemnisé à la fois sur le fondement d’une garantie légale et sur celui de la responsabilité contractuelle de droit commun.

5. Pourquoi se faire accompagner par un avocat ?

Les litiges en droit de la construction sont souvent techniques, mêlant considérations juridiques, contractuelles et factuelles.

Un avocat peut vous aider à :

qualifier juridiquement les désordres,

identifier le fondement de responsabilité pertinent,

vérifier les délais applicables,

et définir une stratégie efficace (expertise, négociation, action judiciaire).

En conclusion

Face à un désordre de construction, il est essentiel d’agir avec méthode et dans les délais. La qualification du dommage, la date de réception et le fondement juridique retenu conditionnent largement l’issue du litige.

Un doute, une question, un litige en cours ? N’attendez pas que la situation s’aggrave : une consultation juridique en amont peut souvent faire la différence.