Climat d’affaires au Mexique : entre désengagements étrangers, tensions sociales et durcissement migratoire

Ces derniers jours, Iberdrola, géant espagnol de l’énergie, a confirmé son intention de se retirer complètement du marché mexicain, après avoir déjà cédé en 2023 une part majeure de ses actifs à un fonds contrôlé par l’État. L’entreprise a mandaté la banque Barclays pour piloter la vente de ses 15 dernières centrales électriques renouvelables, dans une opération estimée à plus de 4 milliards d’euros.

Ce retrait s’ajoute à une transaction antérieure de 6 milliards de dollars, conclue avec Mexico Infrastructure Partners (MIP), un fonds qui administre un trust public financé par l’État mexicain. Cette opération avait permis à la Comisión Federal de Electricidad (CFE) de reprendre le contrôle de 55 % de la capacité installée d’Iberdrola au Mexique. Ensemble, ces deux mouvements marquent une sortie quasi totale d’Iberdrola du pays, symbole d’un désengagement étranger plus large dans un climat de méfiance croissante.

Depuis plusieurs années, le gouvernement mexicain a adopté une politique de recentralisation énergétique, plaçant les entreprises publiques — CFE et Pemex — au cœur de la stratégie nationale. Cette orientation, bien que motivée par une volonté de souveraineté, suscite des inquiétudes parmi les investisseurs étrangers face à l’instabilité juridique, aux changements unilatéraux de règles, et à l’intervention croissante de l’État dans les affaires privées.

Le 22 juillet 2025, Carlos Slim a suscité une vive polémique en révélant que Pemex devait près de 800 millions de dollars à ses fournisseurs pour des prestations de forage non payées. Il a notamment précisé que l’entreprise publique n’assumait plus le financement des puits de pétrole, mettant en difficulté plusieurs prestataires, dont certains appartenant à son propre groupe, Carso.

Ce manque de fiabilité contractuelle, combiné à une pression réglementaire accrue, envoie un signal défavorable aux capitaux internationaux. Parallèlement, les conditions d’entrée et de résidence au Mexique se sont durcies pour les individus étrangers. Depuis 2022, il faut justifier de revenus mensuels supérieurs à 4 300 USD (environ 3 900 EUR) ou d’un patrimoine de plus de 270 000 USD (≈ 245 000 EUR) pour obtenir un visa de résident permanent (visiteur – investisseur) . Ces critères excluent de nombreux retraités, entrepreneurs et talents étrangers, au moment même où d’autres pays cherchent activement à les attirer.

À ces tensions économiques s’ajoutent des manifestations sociales ciblées contre les populations étrangères, souvent associées aux processus de gentrification dans les grandes villes mexicaines comme Mexico, Guadalajara ou Playa del Carmen. Des actes de vandalisme visant des commerces ou des résidences d’étrangers se multiplient, alimentés par un ressentiment lié à la montée des loyers, à la pression sur le logement et à la perception d’une exclusion des habitants traditionnels des quartiers concernés. Ces événements exacerbent le climat d’hostilité envers les étrangers, renforçant le sentiment d’insécurité et contribuant à une atmosphère moins accueillante.

Ces deux barrières — le retrait implicite des grandes entreprises étrangères d’un côté, et les exigences financières élevées pour les individus de l’autre, ainsi que ces tensions sociales — renforcent l’image d’un pays moins ouvert au monde. Le Mexique, pourtant stratégiquement positionné entre les États-Unis et l’Amérique latine, risque ainsi de perdre une partie de son avantage comparatif régional.

La sortie d’Iberdrola, après plus de deux décennies d’investissement au Mexique, n’est peut-être que le symbole visible d’un malaise plus profond. Dans un contexte mondial où les flux de capitaux sont volatils et la concurrence pour les investissements étrangers féroce, le pays devra rapidement clarifier sa posture : veut-il encore des investisseurs et des résidents étrangers ou préfère-t-il renforcer un modèle d’autonomie économique à court terme, au risque de l’isolement ?

Notre cabinet reste à votre disposition pour vous conseiller et vous accompagner dans l’évaluation des risques liés à vos intérêts au Mexique, afin d’optimiser vos stratégies d’investissement dans ce contexte complexe.

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