C'est un colloque qui s'est tenu à Paris le 15 octobre 2008 dont la Gazette du palais du 17/1/09 retient le discours d'ouverture du Président Magendie lequel a déposé ce même jour le matin même son rapport sur la médiation qu'il est venu présenter à l'association des médiateurs du Barreau de Paris qui fêtait son 10ème anniversaire dite AME, association des Mediateurs Européens. On peut en relever indépendamment de la présentation du rapport quelques propos forts d'abord aux avocats, "rien ne s'est fait sans vous, rien ne pourra se faire sans vous". .."La loi sur la médiation judiciaire fête quant elle ses 13 ans, ce n'est pas encore l'âge adulte mais l'âge de raison et j'en appelle à la raison pour traiter de ce sujet important qui suscite trop souvent des réactions partagées entre l'indifférence ou la passion... c'est aussi un concept philosophique, un enjeu majeur dans un monde où le lien social est de plus en plus distendu et où la fonction de régulation devient complexe et difficile à exercer"... "chacun a en effet désormais conscience de l'importance d'une rigueur terminologique, de la nécessité d'une définition claire et précise de la médiation. Bien nommer, c'est bien faire" Il explique qu'il a été admis que le recours obligatoire à la médiation judiciaire est contraire à l'essence même de lamédiation qui repose sur une liberté et une responsabilisation de ses acteurs et reprend à son compte la métaphore de son homologue anglais Sir Anthony CLARCK: "on ne peut pas forcer à boire à un âne qui n'a pas soif mais on peut tous mettre à ses côtés une bassine d'eau et il boira". Il indique que son engagement est total pour développer la médiation et que le corollaire es de souligner les dévoiements dont elle peut faire l'objet. "Elle ne doit pas en effet devenir l'instrument d'une justice communautariste renversant nos valeurs essentielles. Dans une société démocratique, le juge doit conserver son rôle essentiel de gardien des libertés individuelles et le garant des règles d'ordre public. Le risque est réel si l'on retient les propos attribués au plus haut juge anglais Lord philip of Worth Matravers: " il n'y a pas de raison pour lesquelles les principes de la charia ou de tout autre code religieux, ne pourraient pas être le fondement d'une médiation ou d'autres formes alternatives de résolution des conflits" Le Figaro du 4/7/08. Il a également dénoncé "le risque de la présenter comme un moyen de lutter contre les lenteurs et l'encombrement de la justice avec pour réaction une réticence des juges alors que sa plus grande vertu est qualitative dès lors qu'elle contribue à l'apaisement des tensions, en un mot d'être un facteur de paix sociale. La médiation ne doit pas être considérée comme une déjudiciarisation ou une volonté masquée de se débarrasser d'une partie du contentieux". Il rappelle qu'elle ne saurait répondre à tous les défis ou faire figure de "solution idéale à la défaillance de la justice dans son adaptation à la complexification des échanges sociaux". La réactivation de la proposition d'un observatoire national (rapport AN Jacques Floch de février 2007) est posée pour répondre à ses difficultés. Ces propos résument l'essentiel de ce qui doit être dit pour présenter la médiation afin de ne pas entraîner de confusion sur son usage. C'est un outil de plus à notre service qui n'est pas de substitution et qui n'est pas la panacée mais il faudrait être particulièrement buté pour s'y opposer alors que même les ânes finissent par boire tout simplement par nécessité et déjà attraction quand l'eau est à leur portée.