Airbnb en copropriété : ce que change la décision de janvier 2024

La Cour de cassation a rendu le 25 janvier 2024 une décision importante qui modifie les règles du jeu pour les locations Airbnb en copropriété. Cette évolution jurisprudentielle assouplit les conditions mais ne supprime pas tous les risques pour les propriétaires.

Un changement majeur dans l'appréciation des locations Airbnb

Pendant des années, les tribunaux considéraient généralement que toute location de courte durée était une activité commerciale. Cette qualification rendait ces locations incompatibles avec les clauses d'habitation bourgeoise présentes dans de nombreux règlements de copropriété.

La Cour de cassation a modifié cette approche en janvier 2024. Désormais, une location Airbnb n'est considérée comme commerciale que si elle propose des services para-hôteliers. Ces services comprennent l'accueil personnalisé des clients, la fourniture de linge de maison, le nettoyage régulier des locaux et le service de petit-déjeuner. Il faut au moins trois de ces quatre prestations pour qualifier l'activité de commerciale.

Cette évolution signifie qu'une simple mise à disposition d'un appartement meublé, sans services supplémentaires, relève désormais de l'activité civile et non commerciale. Ce changement protège mieux les propriétaires qui pratiquent une location "basique" sans prestations hôtelières.

L'examen du règlement de copropriété reste indispensable

Malgré cet assouplissement, vérifier le règlement de copropriété demeure absolument essentiel avant de se lancer dans la location courte durée. Ce document constitue la loi de l'immeuble et s'impose à tous les copropriétaires.

Il existe deux types principaux de clauses d'habitation bourgeoise.

La clause simple tolère généralement les activités libérales sans nuisances.

La clause exclusive interdit formellement toute activité autre que l'habitation pure. Avec la nouvelle jurisprudence, une location Airbnb sans services annexes pourrait être compatible avec une clause simple, mais reste interdite avec une clause exclusive.

Attention toutefois, car les copropriétés peuvent insérer dans leur règlement des interdictions spécifiques visant les locations de courte durée. La récente loi du 19 novembre 2024 oblige même les nouveaux règlements à mentionner explicitement si les meublés de tourisme sont autorisés ou interdits.

L'analyse ne doit pas se limiter aux clauses générales. Il faut examiner toutes les dispositions relatives aux nuisances, à l'usage des parties communes et aux obligations d'information du syndic. Certains règlements imposent par exemple de déclarer tout nouveau bail au syndic dans les quinze jours.

Les risques juridiques persistent

La décision favorable de janvier 2024 ne fait pas disparaître tous les dangers juridiques.

Les syndics conservent des moyens d'action efficaces contre les propriétaires qui ne respectent pas les règles.

La procédure commence généralement par une mise en demeure. Cette lettre recommandée, souvent rédigée par un avocat, rappelle les obligations du copropriétaire et l'informe des sanctions encourues. Si cette mise en garde reste sans effet, la copropriété peut engager une action en justice.

Les tribunaux disposent d'outils dissuasifs puissants. Ils peuvent prononcer des astreintes financières importantes, parfois plusieurs centaines d'euros par jour de retard. Ils peuvent aussi condamner le contrevenant à payer des dommages-intérêts pour le préjudice causé aux autres copropriétaires et ordonner l'arrêt immédiat de l'activité.

Même sans interdiction explicite dans le règlement, les nuisances excessives peuvent justifier une intervention judiciaire. Les va-et-vient incessants, le bruit, les dégradations ou le sentiment d'insécurité constituent autant de motifs d'action pour les syndics et les copropriétaires.

L'accompagnement juridique devient crucial

Dans ce contexte évolutif, faire appel à un avocat spécialisé devient indispensable. Pour les propriétaires, cette expertise permet d'analyser finement le règlement de copropriété et d'évaluer la faisabilité du projet de location.

L'avocat peut conseiller sur les modalités pratiques pour minimiser les risques de contestation. Il peut également recommander d'informer le syndic en amont, même si cette obligation n'est pas expressément prévue. Cette transparence est appréciée par les tribunaux et facilite le dialogue.

Pour les copropriétés, l'accompagnement juridique aide à faire évoluer le règlement si nécessaire. Depuis la loi de novembre 2024, modifier le règlement pour interdire les locations de courte durée ne nécessite plus l'unanimité mais seulement les deux tiers des voix pour les immeubles avec clause d'habitation bourgeoise simple.

La rédaction de ces nouvelles clauses doit être particulièrement soignée. Les restrictions aux droits des copropriétaires doivent être justifiées et proportionnées. Une interdiction trop large risque d'être annulée par le juge.

Vers un équilibre entre propriétaires et copropriétés

L'évolution de 2024 cherche à concilier les droits des propriétaires à valoriser leur patrimoine avec les préoccupations légitimes des copropriétés concernant la tranquillité et le caractère résidentiel des immeubles.

Cette nouvelle donne ne constitue pas une autorisation générale de développer des activités touristiques sans contraintes. Elle impose au contraire une vigilance accrue dans l'analyse des situations particulières et renforce l'importance du conseil préventif.

Les copropriétés gardent des outils efficaces pour encadrer ces activités. La possibilité de modifier plus facilement le règlement leur offre un moyen d'adaptation aux évolutions du marché locatif.

Ce qu'il faut retenir

La décision de janvier 2024 constitue une évolution favorable pour les propriétaires pratiquant une location Airbnb "simple" sans prestations hôtelières. Cette jurisprudence introduit une grille d'analyse plus objective basée sur la réalité des services proposés.

Néanmoins, cette évolution ne dispense pas d'une analyse rigoureuse de chaque situation. L'examen du règlement de copropriété reste le préalable incontournable, et l'assistance d'un avocat spécialisé devient indispensable pour identifier les clauses restrictives et anticiper les risques.

La réussite d'un projet de location courte durée repose aujourd'hui sur trois éléments : une connaissance précise du cadre juridique, une analyse préventive des risques et un accompagnement juridique de qualité.

Cette approche responsable constitue la meilleure garantie pour éviter les conflits et préserver l'harmonie en copropriété.

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