Les origines du combat de coqs remontent à l’époque de la domestication du coq sauvage. Les premiers agriculteurs d’Asie ont vu dans la domestication de la volaille une nécessité afin d’obtenir des œufs et de la viande. Mais très vite, les coqs sont devenus un intermédiaire pour réguler les conflits entre agriculteurs à travers le combat. 

 

Cette pratique a été importée en Europe par les Grecs et les Romains, puis vers le XVe siècle c’est par les Espagnols et les Anglais que la France et les départements et régions d’outre-mer ont connu les combats de coqs. 

 

Si aujourd’hui cette activité est en déclin dans de nombreux pays y compris dans la majorité du territoire de la France, il n’en reste pas moins que dans certaines localités des Hauts-de-France, de la Polynésie, de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion les combats de coqs sont encore autorisés au nom d’une « tradition locale ininterrompue ».

 

Les combats se déroulent au sein d’un gallodrome où deux coqs préparés aux combats s’affrontent. Trois disciplines peuvent être relevées : 

  • la première se présente sous la forme de combats de six minutes avec ergots métalliques de 52 mm de long, droit et lisse. Ce type de combat se termine régulièrement par la mort d’un des deux coqs ; 
  • la seconde d’endurance qui peut durer 1h30, avec deux minutes de repos tous les quarts d’heure. Lors de ce type de combat, les coqs ont les ergots émoussés ou recouverts de tissu ou d’un capuchon. Le KO ou l’abandon est la règle la plus courante ;
  • la troisième discipline est un mixte des deux premières et se pratique avec l’ergot naturel ou un artificiel. 

 

Alerté par de nombreuses associations pour la protection de l’animal sur le caractère violent de cette pratique, le législateur a renforcé l’arsenal législatif en la matière par la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes. 

 

Ainsi, l’article 521-1 du code pénal, punit de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende tous les sévices graves ou actes de cruauté commis envers les animaux domestiques, apprivoisés ou captifs. Toutefois, une dérogation est prévue en matière de combats de coqs : « les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie ».

 

Le juge pénal apprécie la tradition locale ininterrompue au regard d’une tradition qui existe dans un ensemble démographique déterminé par une culture commune, les mêmes habitudes, les mêmes aspirations et affinités, « une même façon de ressentir les choses et de s’enthousiasmer pour elles », le même système des représentations collectives les mêmes mentalités (Tribunal correctionnel de Bordeaux, 27 avril 1989: JCP 1989. II. 21344 (1o), note Agostini; Gaz. Pal. 1990. 1. Somm. 82. ; Cour d’appel de Bordeaux, 11 juillet 1989: JCP 1989. II. 21344 (2o), note Agostini). 

 

À la différence des courses de taureaux, qui font aussi l’objet d’une exception à la loi pénale, il ne s’agit pas ici d’une tradition locale ininterrompue au sens large mais d’une tradition ininterrompue au sein de « localités », a priori au sens strict donc.

 

Le juge administratif, quant à lui, se prononçant sur la légalité d’un arrêté abrogeant un précédent arrêté autorisant le rassemblent de coqs de combats dans une commune du Pas-de-Calais est venu préciser que l’existence d’une tradition locale ininterrompue de combats de coqs « est appréciée de manière stricte dans la perspective d’une extinction de cette pratique, confirmée d’ailleurs par l’interdiction de créer tout nouveau gallodrome, le préfet, lorsqu’il est saisi d’une demande d’autorisation d’organiser des combats de coqs, ne peut tenir compte que des éléments établissant l’existence ou non d’une telle tradition ininterrompue sur le territoire de la seule commune d’implantation » (TA de Lille, 26 décembre 2024, n°2202832). 

 

Ainsi, doit être appréciée la tradition constante et non interrompue dans le temps sur le territoire de la seule commune d’implantation, étant précisé que l’interruption d’une tradition doit résulter non pas d’un fait purement matériel et accidentel (CE, 4 novembre 1959 : S. 1960. 25, note Mimin) mais d’une désuétude née de l’évolution des mœurs, ou encore d’un changement des mentalités locales (Cour d’appel de Bordeaux, 11 juillet 1989 : JCP 1989. II. 21344 (2o), note Agostini). 

 

Si les combats de coqs sont autorisés sous réserve de ce critère, il résulte de l’article 521-1 du code pénal que seule la création d’un nouveau gallodrome est interdite sous peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

 

Une certaine discordance dans la législation pénale semble ainsi se dessiner entre un régime davantage permissif pour l’organisation des combats de coqs dans les communes où une tradition ininterrompue est démontrée et l’interdiction stricte de création de nouveaux gallodromes.