Plusieurs sites ont publié récemment la lettre que Rachida Dati a envoyé à Jeune Afrique alors qu'elle avait 17 ans (ci-dessous).

Je note

* qu'elle avait déjà la fibre d'une militante, exprimant ses opinions, ce qui me semble un bon début pour une femme politique.

* qu'elle était sensible au légal et à ce qui ne l'était pas, ce qui est une chose utile pour un futur magistrat

* qu'elle a évolué dans sa pensée, ce qui me rassure car c'était il y a 25 ans et je serais épouvantée de voir qu'un dirigeant politique n'ait pas changé d'idée entre ses 17 ans et ses 42 ans...

Je ne vois pas bien l'intérêt sinon médiatique, de ce document.

Peu importe que je sois ou non en accord avec Madame Dati, ce n'est pas ce genre d'argument qui peut faire évoluer le débat.


C'est une lycéenne de 17 ans, qui vit à Chalon sur Saône, et qui écrit en 1982 à l'hebdomadaire Jeune Afrique.

L'hebdomadaire publie sa lettre. La voici:

« C’est avec un grand plaisir que j’écris à J.A. car il est devenu une source d’exposés en classe et c’est pour cela que je vous serais bien obligée de publier ma lettre.

Si je parle ainsi, c’est en connaissance de cause, en étrangère malgré ma naissance et toute ma vie passée en France. Dans J.A. n° 1144, un article a particulièrement attiré mon attention, celui des travailleurs “clandestins”. Le problème s’accentue sous toutes ses formes. Avec ces régularisations des “sans-papiers”, avec ceux qui font la grève de la faim pour être enfin assimilés à leurs compatriotes étrangers en règle. Le résultat est hausse de tension, racisme et même xénophobie envers ces étrangers dont la plupart ne le méritent pas, quelle que soit leur situation. Ces réactions sont fortement ressenties à tous les niveaux et particulièrement dans les endroits publics (écoles, bureaux). Est-ce la faute de ces étrangers, qui sont venus pendant la prospérité et qui, dorénavant, sont remis en cause quotidiennement ? Alors, je tiens à dire aux Français qui disent aux étrangers : « Si tu n’es pas content, retourne dans ton pays où on crève de faim » qu’ils sont ridicules.

Ils ne s’imaginent pas la crise qui pourrait atteindre “leur” pays avec le départ de “ces bougnoules”. Quant au slogan des employeurs, c’est : « Tais-toi ou pars ! » Excusez-moi pour l’écriture, mais je vous ai écrit en étude. »

C'est une belle lettre. Un journaliste de Jeune Afrique l'a retrouvée l'autre semaine en fouillant les archives, et il a évidemment sursauté en voyant la signature: Rachida Dati.

Du coup, un de ses collègues de Jeune Afrique, le 19 novembre dernier, a publié la lettre sur son blog.

Si vous n'en avez pas entendu parler, c'est parce que ce confrère, François Soudan, a aussitôt retiré (le 29 novembre) ce texte qu'il avait lui-même publié.