Un article très polémique vient de paraître sur le sujet à propos d'une association. Il s'agit de l'ADSSEAD (association de Services Spécialisés pour Enfants et Adolescents en Difficulté) sur un blog privé dont l'auteur anonyme a publié son article également sous wikio où il se présente comme Jean-Louis Gabriel, juriste, président de l'association info droit service. L'article s'intitule : "L'ADSSEAD renoue avec la médiation familiale malgré son échec « cuisant » du début des années 2000" Il y explique que cette association départementale basée à Lille consiste à intervenir auprès des enfants et adolescents maltraités et qu'au cours des années 1990, l'ADSSEAD aurait « décidé »de prendre la tête du dispositif de médiation familiale sur Lille en association avec la Maison de la Famille de Lille et avec l'appui financier de la Mairie de Lille et créa ainsi le premier Centre de Médiation Familiale à Lille et y aurait renoncé. Il indique que la politique de l'association aurait été de s'attacher ses cadres par divers avantages liés à la fonction (ordinateur portable etc) outre augmentations de salaire et estime que cela s'est fait au détriment des actions qu'elle est sensée mener pour le bien commun.. Il poursuit :« Il est d'ailleurs d'autant plus étonnant, dans ce contexte, que l'ADSSEAD renoue avec la Médiation Familiale puisque celle-ci développait tant devant le Conseil des Prud'hommes de Lille que la Chambre Sociale de la Cour d'Appel de Douai, que l'ADDSSEAD n'avait pas pour vocation de faire de telles actions, qu'elle était une association médicosociale sociale agréée par l'autorité de tutelle pour des activités et des postes précis dont la médiation familiale ne faisait pas partie. » Il relève que l'ADSSEAD agit en partenariat avec l'association Médiane et avec l'argent des Caisses d'Allocations Familiales au-travers de l'association départementale des Caisses d'allocations Familiales (Adécaf Nord) et qu'un article de la voix du nord serait sur le nouveau site de l'ADSSEAD indiquant que les séances de médiation sont payantes (de 5 à 131 euros par séance) ce qui expliquerait toujours selon lui mieux le regain d'intérêt de l'ADSSEAD pour la médiation familiale. (Je n'ai pas trouvé cet article si ce n'est sur celui de la voix du Nord ici.) Qu'est ce que l'ADSSEAD ? Elle se présente elle-même comme une association départementale loi 1901, c'est-à-dire sans but lucratif dont la mission prévue par les statuts est « de promouvoir et développer des actions et gérer des services visant à aider des enfants, des adolescents et des familles en difficulté à un moment donné de leur histoire. Il s'agit notamment de personnes concernées par une mesure judiciaire, éducative ou sociale ». (article 2 des statuts) Elle ajoute qu'elle met également en place « des actions complémentaires dans une volonté d'être au plus près des populations, de leurs besoins et de leurs potentialités. Ces actions s'inscrivent dans un cadre préventif avec la volonté d'agir en complémentarité des mesures ordonnées par le Magistrat. » Parmi ces actions complémentaires, il y a nouvellement la médiation dont elle livre sur le site un decriptif général. Et en effet, les rapports 2008 consultables sur le site n'évoquent pas sauf erreur de ma part quelque mission de médiation. Pourtant, désormais il est à observer que l'ADSSEAD figure au nombre des associations qui œuvrent pour la médiation familiale dans la région pour le conseil départemental de l'accès au droit. J'ai déjà évoqué la prestation caf qui oblige d'ailleurs à avoir un salarié et en finance le poste outre le secrétariat et autres charges diverses dans la limite de 61 467 euros (voir billet plus ancien sur le sujet sur le livret UNA à partir de la p 41 ici ) moyennant quoi en contrepartie selon les revenus des personnes, il faut appliquer un barème CAF repris dans l'article de la voix du Nord qui s'ajoute à la subvention spécifique de la CAF pour la médiation familiale, tout comme les autres subventions spécifiques par secteur d'activité. Et en effet, l'ADSSEAD se vante d'employer près de 350 personnes dont 200 travailleurs sociaux en ayant augmenté ses effectifs entre 2006 et 2008 de 6%. Or, la prestation CAF, on l'aura bien compris finance plus qu'un poste de médiateur, rarement effectif à plein temps, qui se calcule sur la base d'une expérience de 14 ans que peu de gens ont de surcroît. Au-delà de la critique ciblée de l'auteur, il est certain que des associations qui gravitent autour du social, dont la mission de base est tout autre que la médiation s'y intéressent soudainement. Pourquoi pas ? Le problème, c'est qu'elles peinent déjà à remplir leurs missions de base de sorte qu'il est assez incompréhensible qu'elles essaient d'exercer des activités complémentaires au lieu de se recentrer sur celles prévues par leurs statuts. Quand on voit le délai qu'elles mettent pour remplir les missions judiciaires de tous ordres, c'est en effet même très anormal de voir qu'elles n'entendent pas se limiter à celles-ci et qu'on le tolère. J'avais déjà signalé cette anomalie à propos des statistiques qui sont à manier avec précaution en matière de médiation familiale pour les associations qui remplissent plusieurs missions à la fois. De même, on peut ajouter que les médiateurs qui sont leurs salariés y perdent quelque indépendance ou neutralité. Il n'est pas rare désormais de voir un éducateur nommé dans le cadre d'une AEMO qui vous propose sa médiatrice qui est en fait une collègue. Je ne trouve pas que ce soit neutre. il faut demander un médiateur qui ne soit pas un collègue que l'on briefe. Il est bien connu que les associations, qui gravitent dans le social, sont sans cesse à la recherche de nouveaux financements...publics plus que de capitaux propres. Et il est vrai qu'il n'est guère certain que cela profite in fine à la médiation familiale. En cela, je rejoins l'auteur de l'article. Ces subventions ne profitent déjà pas directement à la prestation réelle de médiation au cas par cas et en augmente considérablement le coût public qui plus est.