Dans le cadre de la création et du développement de projets innovants, les entreprises sont souvent amenées à engager des discussions, négocier et collaborer avec divers partenaires.

Le contexte juridique de ces relations est multiple et complexe, impliquant des questions de propriété intellectuelle, de confidentialité, de contractualisation et de gestion des risques.

Les entreprises doivent naviguer dans ces eaux avec précaution pour protéger leurs intérêts tout en favorisant l'innovation et les opportunités de marché.

Les principaux problèmes juridiques qui se posent dans ces situations incluent :

  • La confidentialité des informations échangées,

  • La protection de ses actifs incorporels,

  • Le mode de contractualisation à utiliser pour collaborer.

Quelles sont les précautions à prendre pour garantir la confidentialité des informations échangées ?

L’accord de confidentialité (NDA)

La rédaction et la signature d'un accord de confidentialité (NDA) permet de définir formellement les informations considérées comme confidentielles et les obligations de chaque partie à ne pas divulguer ces informations sans autorisation. Il précise également l'étendue et la durée de l'obligation de confidentialité, ainsi que les sanctions en cas de violation.

La data room sécurisée

L'utilisation d'une data room sécurisée permet de partager des informations sensibles de manière contrôlée. L'accès doit être restreint, et chaque connexion enregistrée, afin de permettre de tracer les consultations des documents confidentiels.

Le nombre d'interlocuteurs

Limiter le nombre de personnes ayant accès aux informations confidentielles réduit d’autant le risque de fuite d’information. Seules les personnes directement impliquées dans le projet devraient donc avoir accès aux données sensibles.

Le recours à un avocat

Dans le cadre du développement d'un projet innovant, le recours à un avocat est particulièrement utile, notamment pour :

  • Rédiger un accord de confidentialité et assurer son respect,

  • Permettre de sécuriser l'échange de certaines informations, en particulier dans le cadre d'une négociation. Les échanges entre avocats étant couverts du sceau de la confidentialité, ils permettent aux parties d'échanger librement des informations entre elles, par leur intermédiaire,

  • S'assurer de la légalité et de la conformité du projet envisagé,

  • Permettre la réalisation juridique du projet,

  • Sécuriser la contribution et l'investissement, intellectuel et financier, de son client.

Comment s’assurer que son interlocuteur ne puisse pas s’approprier ses actifs incorporels, constitutifs de son projet, à l’issue des échanges ?  

Les idées

La protection des idées innovantes est un sujet complexe, car contrairement aux œuvres concrètes, les idées en elles-mêmes ne sont pas protégées par les droits de propriété intellectuelle. Cependant, il existe des moyens indirects pour protéger les idées et empêcher leur utilisation non autorisée.

L'une des méthodes les plus courantes est l'utilisation des accords de confidentialité (NDA).

Pour les idées qui se concrétisent en inventions, il est possible de déposer un brevet si l'invention répond aux critères de nouveauté, d'activité inventive et d'application industrielle.

De même, si l'idée se matérialise sous forme de création artistique ou littéraire, elle peut être protégée par le droit d'auteur.

Enfin, les marques et les dessins et modèles peuvent protéger les aspects distinctifs et esthétiques des produits dérivés d'une idée.

Le savoir-faire

La protection du savoir-faire est essentielle pour les entreprises qui souhaitent sécuriser leurs connaissances techniques et commerciales. Le savoir-faire, souvent appelé "know-how", englobe les informations confidentielles, les méthodes de production, les recettes, les techniques de fabrication et les stratégies commerciales qui confèrent un avantage concurrentiel.

Contrairement aux brevets ou aux droits d'auteur, le savoir-faire n'est pas protégé par un droit de propriété intellectuelle spécifique. Sa protection repose principalement sur le secret et la confidentialité.

Les créations intellectuelles

La protection des créations intellectuelles (œuvres littéraires, artistiques, musicales et autres) repose sur le droit d’auteur, qui confère aux créateurs des droits exclusifs, patrimoniaux et moraux, sur leurs œuvres, afin d’en contrôler l’utilisation et la diffusion.

Le droit d'auteur protège les œuvres pendant toute la vie de l'auteur et jusqu'à 70 ans après sa mort.

La protection par le droit d'auteur est automatique dès la création de l'œuvre, sans qu'il soit nécessaire de procéder à un dépôt formel. Cependant, il peut être utile de déposer l'œuvre auprès d'un organisme compétent, comme l'INPI, pour prouver la date de création en cas de litige.

Il est donc essentiel, avant d'entamer des discussions avec un partenaire qui porterait en tout ou partie sur l'une de ses créations, de s'assurer de disposer d'éléments de preuve suffisants pour permettre de dater sa création et prouver son antériorité sur sa création.

Les marques

La protection des marques est cruciale pour les entreprises et les créateurs qui souhaitent sécuriser leurs signes distinctifs. Une marque peut être un nom, un logo, un slogan ou tout autre signe permettant d'identifier et de différencier les produits ou services d'une entreprise de ceux de ses concurrents.

Le dépôt d'une marque auprès d'un office de propriété intellectuelle, confère à son titulaire un droit exclusif d'utilisation. Ce droit permet de prévenir toute utilisation non autorisée de la marque par des tiers, protégeant ainsi la réputation et la valeur commerciale de l'entreprise.

La protection par le droit des marques dure généralement dix ans, renouvelable indéfiniment.

Les dessins et modèles

La protection des dessins et modèles est essentielle pour les créateurs qui souhaitent sécuriser l'apparence esthétique de leurs produits. Un dessin ou modèle protège l'aspect visuel d'un produit, incluant sa forme, ses motifs, ses couleurs et ses textures.

Pour bénéficier de cette protection, il est nécessaire de déposer le dessin ou modèle auprès d'un office de propriété intellectuelle. Une fois enregistré, le titulaire obtient un droit exclusif d'utilisation, empêchant les tiers de copier ou d'imiter l'apparence protégée sans autorisation.

La protection par le droit des dessins et modèles dure cinq ans à compter de la date de dépôt, renouvelable par périodes de cinq ans jusqu'à un maximum de 25 ans.

Les brevets

La protection des brevets est cruciale pour les inventeurs et les entreprises qui souhaitent sécuriser leurs innovations techniques. Un brevet confère à son titulaire un droit exclusif d'exploitation sur une invention, empêchant les tiers de fabriquer, utiliser, vendre ou importer l'invention sans autorisation.

Pour obtenir un brevet, l'invention doit répondre à trois critères principaux : la nouveauté, l'activité inventive et l'application industrielle. La demande de brevet doit être déposée auprès d'un office de propriété intellectuelle et inclure une description détaillée de l'invention.

La protection par brevet dure généralement 20 ans à compter de la date de dépôt, sous réserve du paiement des taxes annuelles. Cette durée permet aux inventeurs de rentabiliser leurs investissements en recherche et développement et de bénéficier d'un avantage concurrentiel sur le marché.

Les logiciels

La protection des logiciels est essentielle pour les développeurs et les entreprises qui souhaitent sécuriser leurs créations numériques. Les logiciels peuvent être protégés principalement par le droit d'auteur et, dans certains cas, par les brevets.

En plus de ces protections, les développeurs peuvent utiliser des accords de licence pour définir les conditions d'utilisation de leurs logiciels par des tiers. Ces licences peuvent être commerciales ou open source, selon les objectifs des créateurs.

Quels sont les outils juridiques et contractuels efficaces pour sécuriser les engagements mutuels et minimiser les risques juridiques ?

Selon votre degré d'implication dans le projet en cause et la part de contrôle que vous souhaitez détenir sur sa réalisation, plusieurs options s'offrent à vous, en droit civil et en droit des sociétés.

Parmi ces solutions, on compte notamment celles qui suivent.

En droit civil des contrat

Le contrat de licence

Le contrat de licence permet dans le cadre du développement de l'un de ses projets d'utiliser légalement la création, la marque, le brevet, le logiciel ou le savoir-faire d'un tiers.

L'accord de consortium

L'accord de consortium est utilisé pour mettre en œuvre des projets impliquant plusieurs parties, il permet de clarifier les rôles, les responsabilités et les attentes de chaque partie, tout en établissant un cadre juridique de la collaboration, coordonner les efforts fournis et prévoir les droits et obligations de chacun de ses membres.

En droit des sociétés

La création d’une société-commune

La création d'une société-commune peut être utilisée pour réaliser des projets communs impliquant plusieurs parties qui souhaitent, sur le long terme, mettre en commun des biens, des droits, des capitaux ou des services.

La fusion

La fusion permet à deux sociétés de s'unir pour créer une seule et même entité, plus forte et intégrée, partageant intégralement les ressources et les capacités innovantes.