Général, absolu et illimité dans le temps ? je suis… je suis… le Secret Professionnel… Ah oui !
Réponse de champion que tous les avocats connaissent.
Oui mais voilà, depuis un temps certain, on l'attaque de toutes parts malgré la précision étymologique des mots qui le caractérisent.
En fait, il se pourrait qu'il soit à géométrie variable, et que selon les conditions, on puisse s'en exonérer.
On l'a écrit à l'envi, ce secret ce n'est pas le nôtre, celui des avocats qui souvent d'ailleurs souhaiteraient ne pas le partager, mais c'est celui du justiciable, du citoyen, de l'homme et de la femme qui souhaitent se confier.
Comme la démocratie qui se doit d'être partout et tout le temps, le secret professionnel de l'avocat ne peut faire l'objet d'aucune exception, sinon il n'existe simplement plus.
Il faut bien que ceux qui sapent inlassablement, et méthodiquement ce principe général qui devrait être constitutionnalisé depuis fort longtemps, comprennent ce qui est réellement en jeu.
Oui bien sûr, ils obtiendront, en le bafouant, quelques victoires minimes, mais à terme la source va se tarir…puisqu’elle n’existera plus.
Chacun doit pouvoir se confier, partager, et surtout rechercher les conseils d'un professionnel expérimenté et de confiance.
Je ne parle pas ici que de la matière pénale, mais surtout d'ailleurs, de tous les autres domaines dans lesquelles l'être humain nous confie ses peurs, ses doutes, et parfois aussi ses erreurs.
Nous, avocats, ne sommes pas là pour juger et ce serait une erreur fondamentale de croire le contraire.
La justice et la vérité ne peuvent en aucune façon nous intéresser lorsque nous savons, après l'avoir expérimenté quotidiennement, notamment dans les prétoires, que l'une et l'autre sont multiples et relatives.
L'avocat ne juge pas, il comprend, ou à tout le moins il essaie, et surtout, et c'est là qu'on touche le point essentiel : il conseille.
S'il ne peut plus le faire, et soyons sûrs que nos clients sauront très vite qu'ils ne pourront plus se confier, vers qui ira la confidence ?
Le ministre du culte, le médecin, certes, dans leurs domaines, mais nul ne pourra remplacer l'avocat.
Plus vraisemblablement, le secret ne sera plus partagé, et le confident, qui n'aura pu le faire, restera avec ses doutes, ses peurs et ses interrogations.
Le pire sera alors à craindre, car ce sont des modèles de société que décrivent parfaitement les auteurs d'anticipation et que l'on a connus durant le XXe siècle : le totalitarisme, fasciste et communiste.
Une société qui se priverait d’un tel outil de paix sociale n'aurait strictement rien compris à son évolution et irait irrémédiablement à sa perte.
Il n'est pas trop tard ; il convient simplement d'en prendre conscience, plutôt que de se gargariser de victoires à la Pyrrhus, insignifiantes, même si désespérément médiatiques.
Le secret professionnel de l'avocat n'est pas une coutume, c'est la défense de notre civilisation, et pour cela il doit, d'une façon ou d'une autre, être sacralisé.
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