Travailler sous la chaleur : un risque désormais encadré

La canicule change de statut : depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, l’« épisode de chaleur intense » (articles R. 4463-1 s. C. trav.) oblige l’employeur à revoir, sans délai, son document unique. Concrètement :

 

  • Réorganisation du temps de travail : déplacements des horaires, pauses supplémentaires, rotation des équipes.

 

  • Aménagement des postes : ventilation, ombrage, surfaces réfléchissantes, EPI spécifiques.

 

  • Hydratation : trois litres d’eau fraîche minimum par jour sur chantier ou en plein air.

 

  • Signalement d’urgence : procédure écrite pour secourir un salarié victime de malaise ou coup de chaleur.

 

Réflexe salarié – Si la température devient insoutenable et que rien n’est mis en place, signalez-le au CSE. Le droit de retrait reste possible lorsqu’un danger grave est imminent.

 

Arrêt maladie : le formulaire haute sécurité

Le décret 2025-587 impose, depuis le 1ᵉʳ juillet, un Cerfa papier ultra-sécurisé (hologramme, encre magnétique, QR code). La CPAM refusera toute ordonnance rédigée sur un ancien support à compter du 1ᵉʳ septembre 2025.

 

  • Vérifiez la présence de l’hologramme en quittant le cabinet.

 

  • Envoyez vos volets CPAM et employeur sous 48 h, même par téléservice s’il est activé.

 

  • Exigez un duplicata sécurisé si l’assureur ou l’entreprise conteste la validité du document.

 

Réflexe salarié – Scannez chaque arrêt pour disposer d’une preuve en cas de perte ou de litige.

 

Apprentissage Bac + 3 : reste à charge de 750 €

Les contrats conclus à compter du 1ᵉʳ juillet 2025, préparant un diplôme au moins équivalent à la licence (niveau 6 RNCP), déclenchent pour l’entreprise une contribution obligatoire de 750 € au centre de formation.

 

  • En cas de rupture avant la fin de la période d’essai, l’employeur ne règle plus que 50 % du prorata temporaire.

 

  • Si le contrat est repris par une autre société, la contribution de reprise est plafonnée à 200 €.

 

Réflexe salarié – Vérifiez que le budget est acté avant de signer : cela limite les ruptures anticipées pour raisons financières.

 

Saisie sur salaire : nouveau pilote, mêmes protections

La procédure relève désormais exclusivement des commissaires de justice :

 

  1. Commandement de payer : vous disposez d’un mois pour contester ou négocier un échéancier amiable.

 

  1. Inscription au registre numérique national : la saisie devient opposable aux autres créanciers.

 

  1. Notification à l’employeur : celui-ci retient la fraction saisissable, calculée selon le barème 2025 (part insaisissable : 102,93 € ; plafonds progressifs jusqu’à 1 965,70 €).

 

Circuit pratique pour l’employeur-tiers saisi

  • Jour J : réception du procès-verbal ; identification immédiate de la fraction saisissable.

 

  • Sous 15 jours : transmission au commissaire de justice du salaire net, des avantages en nature et des cotisations santé.

 

  • Avant 30 jours : premier virement sur le compte CARPA ou Trésor du commissaire.

 

  • Chaque mois : versement régulier, ajusté si votre rémunération varie.

 

Réflexe salarié – Vérifiez vos bulletins : si la retenue excède le barème, réclamez une correction sans tarder.

 

Versement mobilité et AGS : micromodifications

Plusieurs communautés (Lunel Agglo, Thonon Agglomération, etc.) modifient leur taux de versement mobilité ; votre net à payer peut fluctuer après un déménagement ou un transfert de site. La cotisation AGS reste, elle, figée à 0,25 %.

 

Réflexe salarié – Informez le service paie de tout changement d’adresse avant le 20 du mois : le logiciel adapte le taux automatiquement, évitant trop-perçu ou rappel.

 

BTP et agriculture : obligations renforcées sous la chaleur

  • Bâtiment : trois litres d’eau fraîche accessibles, zone d’ombre mobile, arrêt des travaux lorsque l’indice Wet Bulb Globe franchit le seuil de l’arrêté du 27 mai 2025.

 

  • Exploitation agricole : points d’eau mobiles, adaptation des horaires de récolte, équipements ventilés pour les engins fermés.

 

Réflexe salarié – Prenez des photos, notez l’heure ; en cas de manquement répété, la Médecine du travail et l’Inspection du travail peuvent imposer un arrêt des travaux.

 

Que faire en cas de manquement ?

  1. Dialogue interne : saisissez les délégués du personnel ou le CSE.

 

  1. Signalement administratif : contactez la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets).

 

  1. Recours judiciaire : demandez la résiliation du contrat ou des dommages-intérêts devant le conseil de prud’hommes lorsque l’obligation de sécurité (L. 4121-1) est violée.

 

Conclusion : un été de vigilance active

La vague réglementaire du 1ᵉʳ juillet 2025 protège davantage la santé, le pouvoir d’achat et la dignité des travailleurs, mais elle exige une attention constante :

 

  • Surveillez vos bulletins de paie et vos conditions de travail par forte chaleur.

 

  • Conservez tout document médical ou financier sécurisé.

 

  • Réagissez sans délai en cas de retenue injustifiée, de chaleur excessive ou de non-paiement de votre salaire.

 

En droit social, le salarié informé devance les risques : soyez-le, partagez-le, et que la chaleur de l’été n’entame jamais vos droits.

 

 

 LE BOUARD AVOCATS

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