Les quelque 36 000 avocats du barreau de Paris sont appelés aux urnes, les 10 et 12 décembre 2024, pour élire 14 des 42 membres que compose le conseil de l’ordre et les bâtonnier et vice-bâtonnier qui prendront leurs fonctions pour deux ans à compter du 1er janvier 2026.
Parmi les quatre binômes candidats au bâtonnat et vice-bâtonnat, un tandem qui se veut et se dit « disruptif » et de « progrès », Frédéric Chhum et Christine Maran, qui se présente pour la deuxième fois — il avait recueilli 1 473 suffrages au mois de juin 2023 — nous promet, dans un courriel-fleuve qui se distingue des brefs messages des autres candidats, de renverser la table ainsi qu'un « débat participatif » sur l’utilisation des 70 millions d’euros de bénéfices générés par la Carpa au cours des deux dernières années qu’il veut investir dans « la data » en lieu et place de l'immobilier.
Ces 70 millions, est-il promis, seront utilisés pour prendre des participations dans des legaltechs et former les avocats parisiens à l’IA générative. Au titre des sept autres « engagements disruptifs et de progrès », on relève qu’il est promis des prêts personnels et professionnels « à taux préférentiel » à négocier auprès de la BNP, d’organiser un appel d’offres pour « offrir » la plateforme de données juridiques « la plus performante », de proposer un « bilan de compétences » tous les cinq ans, de louer « à des prix compétitifs » les 1 600 m2 d’anciens locaux de la Carpa inoccupés depuis trois ans, d’internaliser le Bulletin du Bâtonnier et de rapatrier le Paris Legal Makers du Palais Brogniart à la Maison des avocats pour économiser 1,6 million d’euros, d’augmenter le budget du Secours de l’ordre de 100 à 500 mille euros et de réclamer une meilleure indemnisation des missions effectuées au titre de l’aide juridictionnelle.
Les deux impétrants veulent également laver plus blanc que blanc et promettent ainsi un barreau « plus inclusif et plus démocratique » avec, à ce titre, une Conférence du stage paritaire, un tiers des désignations pour les procédures criminelles retiré aux Secrétaires de la Conférence au profit de tout « confrère qui pratique le droit pénal après examen des connaissances », des frais de campagne pour le bâtonnat limités à 50 mille euros qui seraient remboursés à ceux atteindraient 10 % des suffrages exprimés, mise en concurrence pour les dépenses supérieures à 30 mille euros, déclaration d’intérêts à souscrire par le bâtonnier, vice-bâtonnier et les 42 membres du conseil de l’ordre, ouvrir tous les postes de direction à tous les confrères et non plus à une « poignée d’ordinaux », une assemblée générale annuelle au cours de laquelle il pourra être « poser une question ou soumettre un projet au bâtonnier et au conseil de l’ordre » (sic !) et, enfin, un rendez-vous trimestriel « gratuit » pour « développer des synergies, s’associer, recruter un collaborateur, créer une legaltech,… ».
Douze autres engagements visent les 14 000 collaborateurs, dont 22 % quittent la profession après « seulement » 10 ans d’exercice, qui sont trop « harcelés » et, pour une « meilleure qualité de vie au travail », auront droit à deux jours de télétravail par mois « opposables au cabinet, via une modification de l’article 14 du RIBP », pourront plus facilement obtenir des places en crèche, leur rétrocession mensuelle minimale passera de 3 800 à 4 300 euros, bénéficieront d’une assurance perte de collaboration financée par l’Ordre avec les bénéfices précités de la Carpa, d’une indemnité de stage, d’une prime annuelle, d’une requalification du contrat libéral en salariat en cas d’’absence de clientèle personnelle, une meilleure intégration des confrères pauvres, de couleur et/ou gay, un pack « mutuelle, prévoyance et protection sociale complémentaire », un préavis de 9 mois après 15 ans d’ancienneté et de 12 après 20 et, enfin, une étude sera réalisée pour connaître les motifs qui poussent 22 % des confrères à quitter la profession après dix ans d’exercice.
La longue liste d’engagements et de promesses se termine sur cinq engagements supplémentaires concernant les relations avocats-magistrats qui ne sont pas au beau fixe, le secret professionnel à préserver et les avocats seniors et honoraires qu’il faut aider à céder leur cabinet et faire entrer un binôme au conseil de l’ordre sans voix délibérative.
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