Sous la houlette de la famille Bolloré, l’assemblée générale extraordinaire de la société Vivendi qui s’est tenue lundi dernier, 9 décembre 2024, a approuvé, avec un score stalinien de plus de 97 % et un taux de participation de près de 72 %, l’éclatement de ce qui reste de l’ancien conglomérat Compagnie générale des eaux en quatre entités.
De l’ancien conglomérat, il ne reste en fait pas grand-chose. L’activité historique est logée chez Veolia depuis 1998, la construction et les travaux publics chez Vinci depuis 2000, la téléphonie chez Altice depuis 2014, le cinéma et la musique chez Universal Media depuis 2021,… Ne restent donc dans le giron de la holding Vivendi que Gameloft qui n'est pas coté et quelques participations minoritaires (Telecom Italia, Telefonica, UMG, Banijay,…) sans réelle cohérence entre elles et deux « pépites » qui ont fait des allers-retours en bourse (Canal+ et Havas) au cours de la dernière décennie pour l’optimisation du patrimoine de la famille Bolloré. La troisième, Lagardère que l’on pomponne sous le nom prestigieux de Louis Hachette et à qui on ajoute Prisma, n’avait pas encore fini son aller qu’elle va déjà faire son retour en bourse.
Plusieurs jours avant l’assemblée prévue pour lundi dernier, premier message de mon banquier m’informant d’une OST « urgente » sur le titre Vivendi à l’occasion de la scission à venir et concernant les titres Canal+ au cas où l’assemblée générale approuverait cette scission partielle et qu’elle aurait donc effectivement lieu sur la base des positions détenues à la date du vendredi 13 décembre 2024. Une première en matière de communication boursière.
« Je désire », me suggérait de répondre BNP Paribas dès la semaine dernière, « conserver mes actions CANAL+ sur Euroclear France, je ne convertis pas mes actions CANAL+ en CDI. Dans ce cas, je reconnais être informé que les actions CANAL+ reçues ne seront pas négociables ». Questionnement, recherches,… pour savoir ce que peut bien être un CDI, à part un contrat à durée indéterminée bien entendu. Les réponses approximatives plus ou moins obtenues, on relève qu’il nous est quand même accordé jusqu’au lundi 16 décembre 2024 à 19:00 pour manifester notre accord pour garder ou non ces actions, en France, à quelque chose qui ressemble à du nominatif.
Second message mardi matin m’informant que « l’assemblée générale de Vivendi du 9 décembre 2024 a décidé de la scission partielle de [la société Vivendi] qui sera effective le 13 décembre 2024. Pour plus d’informations sur les modalités de l’opération, cliquez sur le lien suivant ou rendez-vous sur le site de Vivendi » et l’essentiel du message porte sur les « spécificités » relatives à l’action CANAL+ qui, bien qu’il s’agisse d’une « société française domiciliée et fiscalement résidente en France », sera cotée à la bourse de Londres pour faire l'économie d'une éventuelle OPA hostile.
Suite à la décision de la direction du groupe Vivendi, comprenez la famille Bolloré, et afin de permettre leur négociabilité sur le marché londonien (LSE, London Stock Exchange), les actions CANAL+ doivent être préalablement transférées, explique BNPP, du dépositaire central français (Euroclear France) vers le dépositaire central britannique (Euroclear UK). « Ce transfert donnera lieu à l’inscription sur votre compte de Certificats de Dépôt CREST (CREST Depository Interest ou CDI), titre financier négociable sur le marché londonien (LSE) en remplacement de vos actions CANAL+. Le CDI vient représenter l’action détenue, il donne accès aux mêmes droits que l’action CANAL+, il dispose du même ISIIN que l’action CANAL+. Chaque action CANAL+ détenue donne droit à un CDI », précise la banque.
Mauvaise nouvelle, suppute-t-on, « cette opération de marché vers le CREST nécessite l’intervention de plusieurs intermédiaires » pour laquelle BNPP indique ne pouvoir « prendre un engagement sur le délai de réalisation » mais sera « engagé automatiquement le 18 décembre 2024 » sans aucune instruction préalable.
Autre mauvaise nouvelle, toujours selon BNPP, pour les détenteurs de Certificats CREST, les dividendes seront soumis à la retenue à la source de 25 % prévue à l’article 119 bis 2 du code général des impôts et la banque dit ne posséder « aucune information quant à une éventuelle récupération de cette retenue ». Démarche, est-il précisé, « à effectuer par [l’actionnaire] auprès de l’administration fiscale sans certitude de réalisation » (sic !).
On ne saisit pas bien pourquoi une éventuelle retenue à la source sur le dividende distribué à un actionnaire fiscalement résident en France par une société domiciliée et fiscalement résidente en France ne pourrait pas être « récupérable ». On voudrait vous inciter à vendre vos titres à vil prix, on ne s’y prendrait pas autrement.
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