Conjoint collaborateur, salarié ou associé : Quel statut choisir dans une logique de protection patrimoniale ?
Lorsqu’un conjoint travaille de manière active et régulière dans l’entreprise de son époux, il doit impérativement choisir un statut parmi les trois prévus par l’article L 121-4 du Code de commerce : conjoint collaborateur, conjoint associé ou conjoint salarié.
Le choix de ce statut ne doit pas être motivé uniquement par la réalité du travail effectué, mais également par une réflexion stratégique en matière de protection patrimoniale.
Le statut de conjoint collaborateur : le statut par défaut
Le statut de conjoint collaborateur s’adresse aux personnes mariées, pacsées ou en concubinage qui participent régulièrement à l’activité de l’entreprise sans percevoir de rémunération et sans être associées.
Ce statut présente l’avantage d’ouvrir des droits à la protection sociale (santé et retraite) en tant que travailleur indépendant, mais il ne permet pas de bénéficier de l’assurance chômage.
En matière patrimoniale, le conjoint collaborateur peut recevoir un mandat pour accomplir des actes de gestion courante ou même des actes de disposition pour le compte du chef d’entreprise, ce qui lui confère un certain pouvoir dans l’entreprise.
Toutefois, ce statut est limité dans le temps : il ne peut excéder cinq années. Passé ce délai, le conjoint devient automatiquement salarié s’il continue à travailler dans l’entreprise.
Le statut de conjoint associé : un outil patrimonial efficace
Le conjoint associé participe au capital de l’entreprise en détenant des parts sociales ou des actions. Il travaille également activement dans l’entreprise, mais n’est pas rémunéré. Ce statut lui permet d’accéder aux assemblées générales et de participer aux décisions stratégiques.
D’un point de vue patrimonial, cette option permet au conjoint de valoriser son implication dans l’entreprise. Il détient un actif (les parts sociales) qui peut générer des dividendes ou être transmis. Sa responsabilité financière est limitée à ses apports, ce qui protège son patrimoine personnel en cas de difficultés de l’entreprise.
Le conjoint associé bénéficie des mêmes droits sociaux que le conjoint collaborateur, sans assurance chômage. Il reste néanmoins un acteur économique au sein de l’entreprise, même en cas de décès du chef d’entreprise, tant qu’il conserve ses parts.
Le statut de conjoint salarié : la protection sociale la plus complète
Le statut de conjoint salarié suppose la signature d’un contrat de travail (CDD ou CDI), avec une rémunération minimale fixée à 1 801,80 € brut par mois. Il s’agit du statut le plus protecteur sur le plan social : il permet de bénéficier de l’ensemble des droits attachés au régime général de la sécurité sociale, y compris l’assurance chômage.
Sur le plan patrimonial, ce statut n’offre aucun droit sur la gestion de l’entreprise ni sur son capital. En revanche, il garantit un revenu, ouvre droit à l’indemnisation en cas de licenciement et permet une certaine indépendance financière. Il est donc particulièrement pertinent pour le conjoint qui souhaite se prémunir contre les aléas de la vie familiale ou professionnelle (rupture, liquidation de l’entreprise, arrêt de l’activité).
Ce statut peut s’avérer coûteux pour l’entreprise en termes de charges sociales, mais il reste une solution sécurisante pour le conjoint du chef d’entreprise, notamment lorsqu’aucune volonté d’investissement dans l’entreprise n’est exprimée.
En conclusion,
Le choix du statut du conjoint du chef d’entreprise doit s’inscrire dans une réflexion globale, au même titre que le régime matrimonial, afin de favoriser l’épanouissement du couple dans leur projet commun. Ce choix n’est jamais définitif : le cadre juridique peut évoluer et s’adapter aux besoins.
Il est donc vivement recommandé au chef d’entreprise de se faire accompagner par un conseiller spécialisé afin d’identifier la solution la plus adaptée à sa situation personnelle et professionnelle.
Me Delphine GILLET - Docteur en droit privé et sciences criminelles
Avocate au barreau de Grasse - Mandataire en transaction immobilière - Médiatrice
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