Il y a tous les jours.

C'est une fatalité qui me terrasse insidieusement. Gommant sur son passage ces instants qui s'éloignent en fuyant ma mémoire, s'enracine le doute de leur réalité. Et la venue d'un nouveau jour ne fait que regretter celui que le crépuscule finira d'achever.

Il mêlait secrètement rires et évasion, emprisonnait le temps à une heure indue, lorsque les contraintes m'avaient abandonnée. Mais l'éphémère l'emporte sur le perpétuel. Déjà les obligations me rappelaient à l'ordre. Il y avait lieu de revenir à de plus justes occupations, celle de l'homme besogneux que le travail harasse. Ici la bienséance oblige l'apparat.

Et puis il y a eu un autre jour.

Et depuis tous les jours, c'est de ce ravissement qu'il m'emplit davantage. Laissant sur son passage des moments éternels érigés en mémoire chaque jour que Dieu crée, pour ainsi me séduire de sa réalité. Et l'espoir d'un jour nouveau grandit à mesure que le crépuscule termine d'achever celui qui a vécu.

Il mêle secrètement rires et évasion, emprisonne le temps à une heure indue, lorsque les contraintes nous ont abandonnées. Si l'éphémère l'emporte sur le perpétuel, lorsque nous reviendrons à de plus justes occupations, il sera toujours en mémoire de l'homme affairé par l'accomplissement de soi, l'achèvement de l'oeuvre. Chaque jour depuis lors est un recommencement.