Un article de Camille PAUVAREL sur France24

La France restreint depuis mardi les déplacements pour une durée indéterminée. Une situation inédite qui pourrait avoir des répercussions sur la sécurité des femmes victimes de violences conjugales vivant en vase clos avec leur agresseur.

"Lorsque son mari boit, les effets sont déjà terribles, elle subit fréquemment des violences psychologiques et physiques mais avec le confinement, ça risque de monter d'un cran. Elle vient de m'appeler en me disant qu'il était sorti faire des courses et s'acheter de l'alcool, elle a peur de son retour." Marie-France Hirigoyen est psychiatre, elle s'occupe de nombreuses femmes qui subissent des violences conjugales. Depuis le début des restrictions de déplacements, elle a déjà reçu plusieurs appels et messages de patientes craignant pour leur sécurité. "Les auteurs de violences domestiques sont déjà des personnes fragiles qui ne supportent pas les frustrations, alors le confinement va forcément aggraver la situation", commente la spécialiste.

Mardi 17 mars, le gouvernement a réduit les déplacements au strict nécessaire. Une situation inédite qui alarme les associations de lutte contre les violences envers les femmes. Caroline De Haas, membre du collectif féministe Nous toutes, résume la situation ainsi : "Les temps de crise sont toujours propices à l'accroissement de la violence. Alors imaginez des personnes confinées, cela peut passer de violences psychologiques à des violences physiques, sexuelles, et peut-être même conduire à des féminicides".

Pour répondre aux inquiétudes, Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a indiqué que le numéro d'urgence pour femmes battues, le 3919, restait actif durant cette période, de même que la plateforme mise en place par le gouvernement en novembre 2018, "Arrêtons les violences".