Une société peut-elle justifier l’absence de communication d’éléments requis par le juge des référés par la nécessité de recueillir l’autorisation préalable de ses salariés ?

C’est la question à laquelle la Cour de cassation a apporté une réponse par un arrêt du 16 mars 2021 (n° 19-21063).

 

2) L’anonymisation : un obstacle à la communication recevable selon la Cour d’appel de Grenoble.

La Cour d’appel de Grenoble n’a pas fait droit à la demande de la salariée. En effet, elle a retenu que « les bulletins de salaires d’un salarié comprenaient des données personnelles en sorte que la société était légitime à rechercher l’autorisation des salariés ».

Selon elle « il avait seulement été enjoint à l’employeur de communiquer le salaire d’embauche, la position actuelle, le coefficient actuel, le salaire actuel, le coefficient d’embauche, la date d’embauche et le salaire d’embauche de dix hommes non anonymes actuellement salariés au sein de la société et embauchés au 22 juin 2016 (plus ou moins six mois) et en aucun cas leurs bulletins de salaires ».

Ainsi, elle considérait que le bulletin de salaire contenant des informations à caractère personnel comme l’âge ou bien l’adresse des salariés, la société était fondée à rechercher l’autorisation des salariés concernés avant de procéder à la communication des éléments demandés par le juge.

En conséquence, elle a refusé de condamner la société à verser une certaine somme à la salariée au titre de l’astreinte provisoire.

La salariée s’est alors pourvu en cassation.

3) L’exercice du droit à la preuve : une nécessité qui prime pour la Cour de cassation en application de l’article 6, §1 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

La Cour de cassation n’adopte pas la même solution que celle des juges du fond.

Elle se fonde ainsi sur l’article 6, §1 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour casser l’arrêt attaqué.

En effet, selon elle, la Cour d’appel aurait dû rechercher « si la communication des informations non anonymisées n’était pas nécessaire à l’exercice du droit à la preuve de la discrimination alléguée et proportionnée au but poursuivi ».

L’enjeu se situe donc sur le terrain de l’exercice du droit à la preuve.

En l’occurrence, il est possible d’imaginer que le succès de la prétention de la salariée dépendait en grande partie de la production de ces éléments, permettant de mesurer son évolution par rapport à celle des salariés placés dans une situation comparable à la sienne.

En effet, de manière générale, l’apport de la preuve de la discrimination n’est chose aisée pour les salariés qui ne disposent bien souvent que de peu d’éléments matériels sur la situation des autres salariés.

La saisine du juge des référés sur le fondement de l’article 145 du Code de procédure civile est souvent utilisée de manière à pallier cette difficulté.

Par cette décision, la Cour de cassation assure donc tant l’effectivité que l’efficacité de ce recours et contribue par là-même à la facilitation de la démonstration de la discrimination, le cas échéant.

A lire ou relire aussi.

Référé article 145 du CPC : une dessinatrice obtient les bulletins de paie de ses 8 collègues.
Discrimination et référé article 145 du CPC : une salariée obtient les bulletins de paie de ses 16 collègues
Salariés, cadres : comment obtenir la communication des preuves détenues par votre employeur ?

 

Pour lire l’intégralité de la brève, cliquez sur le lien ci-dessous.

https://www.village-justice.com/articles/refere-article-145-cpc-les-donnees-transmises-par-employeur-ont-pas-etre,38952.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter&utm_campaign=RSS

Frédéric CHHUM avocat et membre du conseil de l’ordre des avocats de Paris (mandat 2019-2021)

Claire Chardès M2 DPRT Paris Assas

CHHUM AVOCATS (Paris, Nantes, Lille)

e-mail: chhum@chhum-avocats.com

www.chhum-avocats.fr

https://www.instagram.com/fredericchhum/?hl=fr

.Paris: 34 rue Petrelle 75009 Paris tel: 0142560300

.Nantes: 41, Quai de la Fosse 44000 Nantes tel: 0228442644

.Lille: 25, rue Gounod 59000 Lille tel: 0320135083