La séparation de corps amiable s'aligne désormais depuis le 25 mars 2019 sur la procédure du divorce sans juge et permet désormais de dispenser les époux qui veulent avoir recours à une séparation de corps amiable de suivre la procédure sur requête par saisine du Juge aux Affaires Familiales.
Pour qui cette procédure est-elle faite et dans quel cas l'éviter ?
Les époux qui ont décidé de se séparer sans pour autant mettre fin à leur mariage et qui ne souhaitent pas divorcer et qui s'entendent bien ou à peu près bien et veulent opter pour une séparation de corps amiable pourront désormais le faire dans le cadre de cette procédure rapide.
Les époux qui sont d'accord sur l'ensemble des conséquences de leur séparation de corps ou qui sont prêts à faire des efforts pour trouver un accord global sur ces conséquences et souhaitent éviter une procédure conflictuelle pourront choisir cette nouvelle procédure.
Par contre, lorsque les époux veulent mettre définitivement fin à leur union et retrouver leur pleine liberté et ne plus être liés à l'autre d'une manière ou d'une autre, ils ne doivent pas choisir la séparation de corps. Notamment, si l'un d'eux ne veut plus être contraint par le devoir de secours qui pourrait l'obliger à verser une aide financière à son conjoint, cette procédure n'est pas adaptée.
Ce qui change par rapport à l'ancienne séparation de corps amiable
Dans l'ancienne procédure, les époux devaient déposer une requête conjointe afin de faire homologuer leur convention amiable de séparation de corps et devaient passer devant le Juge aux Affaires Familiales lors d'une audience obligatoire au cours de laquelle le juge prononçait leur séparation de corps et homologuait leur convention amiable.
Désormais, depuis le 25 mars 2019, les époux prennent chacun un avocat et s'entendent entre eux sur les conséquences de leur séparation de corps. Leurs avocats rédigent un projet de convention de séparation de corps qui prendra la forme d'un acte sous signature privée contresigné par les époux et leurs avocats.
Une fois la version définitive de la convention de séparation de corps validée par les époux, leurs avocats leur adressent à chacun cette version par lettre recommandée avec accusé de réception. Cet envoi fait courir un délai de 15 jours durant lequel les époux pourront se rétracter.
Si aucun des époux ne se rétractent, alors, ils pourront signer la convention de séparation de corps dans la version définitive - qui ne pourra plus faire l'objet de modifications - au Cabinet d'un de leurs avocats et en présence de ces derniers.
Dans un délai de 8 jours, l'un des deux avocats devra envoyer au notaire choisi par les époux la convention de séparation de corps et le notaire aura un délai de 15 jours pour la déposer au rang de ses minutes et c'est ce dépôt qui lui confèrera date certaine et force exécutoire. C'est la date du dépôt qui vaudra date de la séparation de corps.
Le notaire adressera une attestation de dépôt aux avocats et avec cette attestation de dépôt, l'un des avocats accomplira les formalités de transcription de la séparation de corps sur les actes d'état civil.
La durée de cette procédure
Cette nouvelle procédure pourra aller assez vite, voire très vite, puisqu'à partir du moment où les époux sont d'accord sur les conséquences de leur séparation de corps (enfants, biens, questions financières), les avocats rédigent la convention de séparation de corps et une fois la version définitive du projet validée par tous, la signature de la convention peut avoir lieu rapidement et au bout d'un mois, la séparation de corps peut être officialisée.
Dans la mesure où la séparation de corps déclenche le régime matrimonial de séparation de biens entre les époux, lorsque ceux-ci sont mariés sous un régime de communauté, ils doivent procéder à la liquidation de leur régime matrimonial. Si celle-ci porte sur un ou des bien(s) immobiliers(s), les époux devront faire établir un acte liquidatif de leur régime matrimonial par un Notaire afin que cet acte soit annexé à la convention de séparation de corps.
Pourquoi préférer une séparation de corps plutôt qu'un divorce ?
La séparation de corps est souvent préférée au divorce pour des époux qui attachent une grande importance à leurs convictions religieuses qui les obligent à respecter le caractère indissoluble de leur mariage.
Elle est également choisie par des époux qui gardent suffisamment d'affection entre eux pour ne pas avoir envie de rompre définitivement le lien de leur mariage.
Les époux peuvent aussi avoir envie de ne plus cohabiter pour se laisser du temps pour voir s'ils veulent vraiment mettre fin à leur union. Ils peuvent avoir envie d'une pause pour réfléchir sans aller jusqu'au bout de la rupture définitive de leur relation.
La séparation de corps peut également être choisie pour préserver les droits successoraux de chacun dans la succession de l'autre.
La séparation de corps entraîne une simple dispense de cohabitation. Elle ne permet pas aux époux de se remarier et ne met pas fin au devoir de fidélité.
La séparation de corps laisse subsister le devoir de secours entre les époux et dès lors les époux peuvent décider que l'un d'eux versera une pension alimentaire à l'autre tous les mois durant tout le temps que durera la séparation de corps.
Par contre, aucune prestation compensatoire ne pourra être accordée dans le cadre d'une séparation de corps. Ce n'est qu'au moment de la conversion éventuelle en divorce que l'un des deux époux pourra demander l'octroi d'une prestation compensatoire.
Enfin, la séparation de corps entraîne la liquidation du régime matrimonial des époux qui se transforme obligatoirement en régime de séparation de biens et les époux doivent se partager leurs biens existants.
Comme avant, elle pourra être convertie en divorce au bout de 2 ans (peut-être un an bientôt ?).
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