A l’heure du big data et du développement de l’intelligence artificielle, pas un trimestre ne se passe sans qu’une conférence ne se tienne au sein de nos barreaux, de nos écoles, de nos instances, sur le virage numérique pris par le monde du Droit.

On agite surtout l’épouvantail des legaltechs et de l’IA qui, selon leurs détracteurs, entrainerait la disparition des avocats ou selon les disciples de l’innovation, conduirait à une inévitable mutation de la profession.

Un rapport du cabinet juridique JOMATI CONSULTANT en 2014 n’a-t-il pas prédit qu’en 2030 un robot avocat pourrait faire le travail d’une trentaine de collaborateurs ?

 

L’accès au droit directement sur des plateformes de type jurictissimo dissuaderait la clientèle déjà hésitante à pousser la porte de nos si « onéreux » cabinets quand les outils de « prédiction » la détourneraient même de la Justice.

L’Avocat doit alors s’adapter, l’Avocat doit maitriser les outils, l’Avocat doit être digitalisé !

Transforme toi ou crève.

Mais que restera t’il de l’ADN de l’Avocat dans cette numérisation à marche forcée ?

 

Le principal : l’humain.

 

L’intelligence artificielle est une belle mariée mais ne pouvant apporter que ce qu’elle a : la robotisation des tâches simples qui peuvent l’être, y compris au stade des audits/vérifications des contrats ou des chatbot.

Les moteurs de recherche et les outils de « prédiction » sont des aides à la décision, non des cerveaux juridiques.

Les plateformes ne sont que des propositions en ligne de formulaires, de mise en relation ou de calculs de probabilité gérées par algorithmes mais ne sont pas des professionnels du Droit.

 

Il faut savoir distinguer entre la réalité technique et ce qui relève du fantasme suscité par une communication certes très enthousiaste des legaltech.

 

Aucun robot ne peut élaborer une stratégie prenant en compte les sentiments, le ressenti et les émotions humaines. L’intelligence artificielle ne peut reproduire les processus cognitifs des êtres humains.

Aucun robot limité par les données qu’on lui fournit ne peut concurrencer l’imagination juridique d’un technicien du droit, surtout dans un pays à forte production législative comme le nôtre.

Aucun robot ne peut s’asseoir en face de son client ou se dresser à ses cotés.

 

Les avocats sont et demeurent les experts du Droit.

 

Les avocats font partie d’un Ordre ; ils sont unis par leur expertise, par une formation par leurs pairs, par une déontologie, par des valeurs d’indépendance, d’assistance et de défense.

 

C’est ce socle qui fait leur force et leur singularité.

 

C’est ce socle qui continuera à offrir à leurs clients les compétences humaines que l’intelligence artificielle aidera sans remplacer.

 

Ainsi les avocats ne peuvent se dissoudre dans un grand marché du Droit numérique.

 

Avocats connectés et améliorés certes, mais avocats toujours.