Pline le Jeune décrivait son activité d’avocat ainsi :

«Frequenter egi, frequenter iudicaui, frequenter in consilio fui.

Souvent j'ai plaidé, souvent j'ai jugé, souvent j'ai participé aux conseils».

 

Au-delà de leur coeur de métier, la Défense, les avocats ont longtemps imprégné la vie de la Cité au point même que les historiens ont pu parler, lorsque ceux-ci dominaient les élites politiques françaises dans les années 1880-1914, de République des avocats.

 

Mais si le Barreau a été l’antichambre de notre classe politique (entre 25 et 40% d'avocats à l'Assemblée nationale ; 35% parmi les ministres sous la III République) -diverses causes, dont notamment le poids des grandes écoles et l’accroissement des appareils de partis, ont inversé le phénomène au cours du XXeme siècle.

Aujourd’hui, le Parlement semble, au contraire, devenu l’antichambre du Barreau par le biais des passerelles mais moins de 40 députés seraient avocats d’origine.

 

Surtout le Parlement ne semble plus guère écouter l’expertise des avocats, y compris sur leur propre terrain : la Justice.

On se méfie des avocats. On les accuse d’intérêts corporatistes.

 

Faut-il craindre une rupture du lien entre les avocats et la cité ?

 

On peut le penser, tant nos nouvelles formes d’exercice, nos spécialisations, la pression économique croissante, mais aussi la charge de travail toujours plus grande par la complexification du Droit et des procédures, nous obligent à prioriser la gestion de nos cabinets et de nos dossiers.

 

L’avocat a-t-il encore le temps et les moyens de se désintéresser quelques heures de son activité pour s’investir dans la Cité par le biais de la vie associative, culturelle, politique alors même qu’il doit lutter pour sa survie sur le marché du Droit ?

Il le faut car, pour l’avocat, conserver sa place dans la Cité, apporte tout d’abord connaissances et reconnaissance, ce qui finalement… lui facilite l’accès à la clientèle.

S’enfermer sur ses impératifs d’agenda et de dossiers, c’est à moyen terme asphyxier son exercice professionnel.

 

 Mais surtout, d’expert rhétorique formant les futurs tribuns politiques, l’Avocat est devenu  expert technique dans une société dont le Droit imprègne chaque aspect et qui légifère – parfois à outrance – pour chaque problème rencontré.

Le Droit est devenu l’instrument de régulation économique et social de notre Société.

L’Avocat en est l’acteur incontournable.

 

De l’actualité des gilets jaunes à celle de la ligue du LOL, de la médiation au contentieux, de l’accès au Droit à la rédaction des Lois, l’Avocat doit demeurer au centre de l’espace social, économique, culturel et politique pour apporter son expertise et assurer son rôle de défenseur de l'Etat de droit.

 

La vocation première de l’orator-patronus devenu advocatus était de corriger la structure inégalitaire de la société et d’en réduire les effets par l’affrontement et l’assistance judiciaire.

 

Pour l’Avocat du XXIe siècle, se recentrer sur son coeur de métier, c’est s’investir dans la Cité.