Le Syndicat de la Magistrature, après l’USM en 2015, publie une enquête sur la souffrance au travail dans la magistrature.

 

Les média relatent l’épuisement des greffiers et agents avec un taux d’arrêt 2 fois supérieur au privé.

 

C’est l’ensemble de la chaine judiciaire qui vacille.

 

L’avocat, vecteur de la douleur de son client, se retrouve face aux conséquences de cette souffrance des acteurs judiciaires.

«l’audience est surchargée, déposez Maître !» Il n’est plus plaideur.

«Vos écritures sont trop longues. Elles doivent être limitées. La Cour ne peut tout lire».

«Nous ne pouvons vous recevoir. Prenez un badge et rendez-vous». Il n’est qu’un visiteur.

«Votre client ne peut être transféré. L’audience se tiendra en visio». Il se retrouve spectateur.

 

Il est exigé de l’Avocat d’apporter son aide au juge mais au détriment de son seul rôle : l’assistance au Justiciable.

 

Une telle situation ne peut que générer la multiplication d’incidents entre reproches faits aux avocats d’une défense perturbant le cours de la Justice et reproches faits par eux d’une Justice dont le cours est anormal.

 

Souffrance du client, souffrance de la Justice, souffrance de l’avocat.

 

Le mal-être de la chaine judiciaire s’ajoute au stress inhérent à sa profession.

 

Ce stress déjà considérable –charge émotionnelle, pression économique, rythme de travail, hyper connexion- se trouve augmenté par les réformes législatives mettant à notre charge une responsabilité croissante tout en réorganisant totalement le futur de notre métier.

L’avocat se trouve ainsi soumis aux souffrances subies par tout entrepreneur (urgence et pression de l’innovation) et à celles supportées par la chaîne judiciaire (perte de sens et de moyens).

 

 

En 2016, selon une étude américaine 28% des avocats se déclaraient en dépression, 21% dépendants à l’alcool, 16% aux sédatifs.

 

En France, le sujet demeure tabou.

 

Dans un marché ultra concurrentiel, comment admettre être malade ? Le risque est trop grand de voir partir la clientèle volatile.

Lorsqu’on est défenseur, comment parler de sa propre souffrance au regard de son rôle social et de l’image que doit donner la profession ?

 

Les barreaux ont néanmoins été alertés par la croissance des cas de dépression ainsi que par le taux de départ.

La mise en place d’un système d’alerte et de soutien par nos Ordres est indispensable.

Des commissions se créent.

Des rencontres avec des spécialistes des risques psychosociaux se mettent en place

Une ligne d’écoute existe depuis 2016.

 

Mais comment l’avocat peut-il guérir d’une dépression lorsqu’il doit la taire car il ne peut se soigner ?

 

L’Avocat subit une longue carence et la faible indemnisation propre aux travailleurs indépendants.

Aucune aide pour la prise en charge de ses dossiers n’existe.

Or, de chaque côté de la chaine, clients et magistrats en souffrance acceptent difficilement de voir le cours de la justice suspendu le temps de guérison de l’avocat.

 

Pour que la souffrance cesse, encore faut-il pouvoir l’exprimer.