L’informatisation des échanges, des processus, des documents ; en bref, la numérisation intégrale de toute activité appliquée non seulement à la matière purement « bureautique », mais à bon nombre d’activités d’échanges dans les secteurs marchands et non marchands, dont ceux de prestations de services, a-t-elle été porteuse d’une minimisation des erreurs de traitements par les utilisateurs(trices) finaux(ales), voire d’un meilleur traitement des informations échangées ?
En bref, l’informatisation est-elle garante de meilleure information ?
Le sujet ne sera pas ici, d’évoquer encore, ce qu’il en serait de la qualité ou de l’absence de pertinence, de l’information échangée à l’aide des outils numériques, de l’effet pervers de certains réseaux sociaux et algorithmes y associés…sujet maintes fois débattus et certes d’actualité, mais que nous écartons.
Le sujet est de savoir si, quelle que soit la qualité de cette information apportée, celle-ci est traitée de manière plus correcte, par l’utilisateur(trice) humain, qu’il soit émetteur(trice) ou récepteur(trice) de cette information, et qui utilise donc tous les outils à sa disposition pour être diffusée, dont la numérisation, la virtualisation au sens large des processus y associés.
Or, et en cette matière, peu de sujets d’actualité, d’études y associés, et encore moins d’exposition dans les débats et échanges évoluant autour de l’information au sens large, ne semblent passionner les foules.
Et pourtant :
De la même manière que la qualité de l’information apportée, de la pertinence de ceux qui l’émettent, de l’impact qu’elle peut avoir sur celles et ceux qui la reçoivent, est un vrai sujet ; il ne faudrait par ailleurs pas passer sous silence la qualité, non pas de l’information elle-même, mais du traitement de celle-ci par ses utilisateurs en début, et en bout de chaîne informatique.
Or et à ce dernier titre, force est de constater que le bât blesse.
Afin de ne pas plagier les recherches fondamentales qui, dans les neurosciences, s’intéressent à ce sujet, il sera renvoyé à un article de vulgarisation qui expose clairement ce qu’il peut en être de la « maltraitance de l’information » par des cerveaux humains qui, sur le plan cognitif, se retrouvent manifestement en difficulté pour en assurer une analyse correcte :
Neurosciences : l’impact des écrans sur le cerveau | Psychologies.com
Chacune et chacun constate, à son niveau, et pour autant qu’il emploie plusieurs heures par jour dans son activité professionnelle, l’outil informatique, ce qu’il en est des affres quotidien, dans ce qui pourrait être qualifié « d’état dégradé du traitement informationnel », pour tous échanges et documents utilisant les outils technologiques contemporains habituels.
Se pose finalement la question suivante : l’espèce humaine, et plus précisément le cerveau humain, est-il désormais « à la hauteur » des outils informatiques qu’il utilise ?
De manière encore plus basique, l’interface cerveau/machine n’est-elle pas en train de placer ce premier dans un état de défaillances régulières, face à la perfection de l’outil informatique ; poussant alors l’espèce humaine utilisatrice dans des états constants de souffrances de cette infériorité objective dans la qualité du traitement de l’information échangée ?
Au risque de voir le lecteur rebuté par ce type de questionnement qui ferait injure à la perception qu’il peut avoir de sa propre intelligence ; intelligence humaine qu’il placera toujours au-dessus de celle, prétendue, de ce qui est dénommé improprement « intelligence artificielle », force est de constater que toutes les organisations humaines doivent tout autant s’interroger sur nos capacités à gérer les flux d’informations qui ne cessent d’inonder nos activités.
La science humaine doit porter ce défi de compréhension et d’analyse de ces enjeux…sauf à voir là encore, nos déficiences humaines mises au banc, au profit de la machine, qui n’attend que cela pour le remplacer.
Philippe CANO
Mars 2023
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