1°) Sur la qualification de la relation contractuelle entre la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux et les époux [G]
Attendu que les alinéas 1 et 2 de l'article 12 du code de procédure civile disposent que 'le juge tranche le litige conformément aux règles de droits qui lui sont applicables.
Il doit donner ou restituer leur exacte qualification aux faits et actes litigieux sans s'arrêter à la dénomination que les parties en auraient proposée.'
Attendu que Monsieur [G] soutient que l'opération consistant à apporter des olives pour qu'elles soient transformées en huile d'olive doit être qualifiée de contrat de dépôt conformément aux dispositions de l'article 1915 et suivants du Code civil.
Que Madame [G] née [U] conteste cette qualification et soutient que la relation contractuelle les liant à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux doit être qualifiée de contrat de prestation de services, Monsieur [G] ne pouvant prétendre à la qualité de coopérateur en application des dispositions des statuts de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux.
Attendu que l'article 1915 du Code civil dispose que 'le dépôt en général est un acte par lequel on reçoit la chose d'autrui à charge de la garder et de la restituer en nature.'
Qu'il résulte des dispositions de l'alinéa 1er de l'article 1932 dudit que 'le dépositaire doit rendre identiquement la chose même qu'il a reçue.'
Qu'il est acquis aux débats que l'opération réalisée consiste à apporter des olives à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux pour les voir transformer en huile d'olive après trituration de ces dernières.
Qu'il est dès lors manifeste qu'il s'agit de deux choses différentes, la création d'une valeur nouvelle excluant la qualification de contrat de dépôt.
Qu'il convient dés lors de confirmer le jugement querellé en ce qu'il a dit que les règles juridiques relatives au dépôt ne sauraient trouver application en l'espèce.
Attendu que Madame [G] née [U] fait valoir que c'est à tort que le jugement querellé a considéré que la relation juridique entre les époux [G] et la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux était régie par les statuts constitutifs de la coopérative.
Attendu en effet qu'il résulte du Titre II, article 7.3 des statuts de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux que 'ces personnes physiques ou morales devront, pour être associés coopérateurs souscrire ou acquérir le nombre de parts sociales prévu à l'article 14 ci-dessous.'
Qu'il est indiqué au point 5 dudit article que ' l'admission des associés coopérateurs a lieu sur décision du conseil d'administration qui peut déléguer ses pouvoirs à l'un de ses membres ou à un comité constitué à cet effet en son sein.'
Que le point 6 dudit articles énonce qu'il sera tenu au siège de la coopérative un fichier des associés coopérateurs inscrits par ordre chronologique d'adhésion et numéros d'inscription avec indication du capital souscrit ou acquis par catégorie de parts telles que prévues à l'article 14 ci-après.'
Que Monsieur [G] soutient qu'il est coopérateur de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux et verse à l'appui de ses dires une convocation à l'assemblée générale de septembre 2018 et septembre 2019 au nom de Monsieur d'[M] [G] ainsi qu'un retrait oléiculteur à son nom en date du 27 août 2018.
Que ces éléments ne suffisent pas à démontrer la qualité de coopérateur de ce dernier, Madame [G] née [U] produisant également des retraits oléiculteur au nom de Monsieur et Madame [G] de 25 juillet 2019 et du 2 janvier 2019.
Que la cour relève également que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux mentionne dans ses conclusions que Monsieur [G] est considéré comme un' adhérent en service' ce qui correspond à un adhérent qui ne vend pas d'huile à la coopérative mais apporte simplement sa récolte d'olives, ajoutant qu'il n'a jamais été coopérateur en collecte/ vente mais uniquement coopérateur en service.
Qu'il convient de souligner que cette nuance n'apparaît nullement dans les statuts.
Qu'en l'état, faute de produire aux débats le fichier des associés coopérateurs inscrits par ordre chronologique d'adhésion et numéros d'inscription avec indication du capital souscrit ou acquis par catégorie de parts telles que prévues à l'article 14 des statuts comme prévu à l'article 7.6 du titre II des statuts de la Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux ou la décision du conseil d'administration entérinant l'admission des associés coopérateurs tel que mentionné à l'article 7.5 du titre II des statuts de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux, il y a lieu d'infirmer la jugement querellé en ce qu'il dit que les relations contractuelles entre le époux [G] et cette dernière étaient régies par les statuts de la coopérative, Monsieur [G] et la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux ne rapportant pas la preuve que celui-ci estassociécoopérateur.
Attendu qu'il résulte des éléments produits aux débats que la relation contractuelle liants les époux [G] à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux s'analyse en une prestation de service au terme de laquelle un professionnel, à savoir la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux, qui est le prestataire de service, s'engage à fournir un service à un client contre une rémunération, cette notion de contrat de prestation de service étant définie au terme de l'article 1710 du Code civil sous l'appellation « louage d'ouvrage ».
Qu'ainsi les époux [G] apportaient leur récolte d'olives à la coopérative qui s'engageait en contrepartie à leur remettre une quantité précise d'huile d'olive moyennant la prise en charge des frais de trituration, de stockage et de conditionnement.
Qu'il convient dés lors de dire et juger que les relations contractuelles entre les différentes parties sont régies par les dispositions de l'article 1710 du Code civil.
2°) Sur les fautes commises par la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux et Madame [G] née [U]
Attendu que Monsieur [G] soutient que la responsabilité de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux se trouve engagée.
Qu'il rappelle en effet qu'au mois de juin 2019 des correspondances électroniques ont été échangées avec la coopérative dans lesquelles il exposait se trouver en procédure de divorce d'avec Madame [G] née [U], indiquant que dans le cadre d'un mail du 18 juin 2019, il faisait part de ce qu'un accord avec son épouse avait été trouvé portant sur le partage par moitié du stock d'huile.
Qu'il ajoute que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux ne pouvait ignorer cette situation et qu'en remettant l'intégralité du stock d'huile à Madame [G] née [U], cette dernière a commis une faute.
Attendu que Madame [G] née [U] maintient que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux n'a commis aucune faute le 25 juillet 2019 en lui laissant retirer l'intégralité du stock d'huile d'olive issue des terres communes aux époux [G] dont elle avait en outre la jouissance gratuite et exclusive depuis l'ordonnance de non-conciliation du 22 janvier 2019.
Qu'elle ajoute qu'il ne saurait lui être reproché une quelconque faute à l'endroit de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux.
Attendu que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux précise qu'au terme de la pratique mise en place par les époux [G] depuis 2017, ces derniers récupéraient l'huile d'olive l'un ou l'autre indistinctement, le couple étant ainsi considéré comme déposant des olives sans que jamais Monsieur [G] n'ait contesté le libellé des factures établies au nom des deux époux.
Qu'elle ajoute au demeurant que les différents accords décision de justice concernant les époux [G] ne sauraient lui être opposés rappelant au surplus que l'huile était un bien de communauté.
Attendu qu'il convient de relever que les relations contractuelles établies entre les parties n'ont été formalisées par aucun écrit.
Qu'il ressort cependant des nombreuses factures établies par la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux en date des 24 octobre 2018, 2 janvier 2019, 12 janvier 2019, 15 janvier 2019, 28 janvier 2019, 26 mars 2019 et 25 juillet 2019 au nom de Monsieur et Madame [G], sans que Monsieur [G] n'ait émis la moindre protestation, que ces derniers étaient considérés comme déposant des olives.
Que cette pratique instaurée explique qu'une salariée de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux ait pu remettre l'intégralité du stock d'huile à Madame [G] née [U], cette dernière n'ayant commis aucune faute en venant récuperer la totalité de ce stock.
Qu'en effet les prétendus accords et décisions de justice sont inopposable à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux.
Que le sort du stock d'huile et sa valeur sera ultérieirement réglé dans le cadre des opérations de liquidation de leur régime matrimonial.
Qu'en l'état il convient de dire et juger que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux n'a commis aucune faute contractuelle à l'égard de Monsieur [G].
Qu'il y a lieu dés lors d'infirmer le jugement querellé en ce qu'il a jugé que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux avait commis une faute en restituant la totalité de l'huile d'olive à Madame [G] née [U], que Madame [G] née [U] avait également commis une faute en récupérant la totalité de l'huile d'olive et en ce qu'il a condamné la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux à payer à Monsieur [G] la somme de 2.357,50 € outre les intérêts au taux légal depuis la mise en demeure recommandée du 23 septembre 2019 et jugé que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux sera relevée et garantie par Madame [G] née [U] du montant de cette condamnation.
3°) Sur les demandes de dommages et intérêts
Attendu que Madame [G] née [U] sollicite la condamnation solidaire de Monsieur [G] et la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux à lui payer la somme de 3.000 € à titre de dommages-intérêts au titre de la présente procédure abusive.
Qu'elle soutient en effet que les fautes de Monsieur [G] se caractérisent par son intention de nuire à travers la présente procédure et par le fait qu'il sollicitait du tribunal la condamnation de la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux à lui payer l'intégralité de l'huile d'olive litigieuse alors même qu'il se prévalait d'un accord pour le partage par moitié de l'huile d'olive.
Qu'elle ajoute que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux l'a attrait aussi, par sa mauvaise foi, de manière abusive dans la présente procédure.
Attendu qu'il convient de relever que Monsieur [G] n'a pas attrait Madame [G] née [U] devant la juridiction de première instance , cette dernière étant devenue partie à la présente procédure à la suite de l'appel en garantie diligenté par la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux.
Que dés lors l'intention de nuire de Monsieur [G] n'apparait pas établie.
Qu'enfin la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux considérant que les époux [G] étaient tous les deux déposant des olives et Monsieur [G] faisant état d'accord passé avec Madame [G] née [U], l'appel en garantie diligentée par la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux à l'endroit de cette dernière ne saurait être qualifié d'abusif.
Qu'il convient par conséquent de débouter Madame [G] née [U] de cette demande de dommages et intérêts.
Attendu que la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux demande à la cour de condamner Madame [G] née [U] et Monsieur [G] à lui payer la somme de 2.000 € à titre de dommages-intérêts.
Qu'elle indique avoir été la victime collatérale du contentieux directement lié au divorce des époux [G]/[U] et subi un préjudice du fait du comportement procédural de ces derniers.
Que cette demande sera rejetée faute pour la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux
de démontrer un préjudice certain.
Attendu que Monsieur [G] sollicite la condamnation de Madame [G] née [U] au paiement de la somme de 2.500 € de dommages-intérêts pour procédure d'appel abusive et injustifiée.
Qu'il sera débouté de cette demande en l'état de sa condamnation.
4°) Sur les dépens et les dispositions de l'article 700 du code de procédure civile.
Attendu que l'article 696 alinéa 1 du code de procédure civile dispose que 'la partie perdante est condamnée aux dépens, à moins que le juge, par décision motivée, n'en mette la totalité ou une fraction à la charge d'une autre partie.'
Qu'en l'espèce, Monsieur [G] est la principale partie succombant en appel.
Qu'il convient par conséquent d'infirmer le jugement querellé sur ce point et de condamner Monsieur [G] aux entiers dépens de première instance et en cause d'appel.
Attendu que l'article 700 du code de procédure civile prévoit que le tribunal condamne la partie tenue aux dépens à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine , au titre des frais exposés et non compris dans les dépens en tenant compte de l'équité et de la situation économique des parties.
Qu'il y a lieu d'infirmer le jugement querellé sur ce point, de condamner Monsieur [G] à payer à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux la somme de 1.000 euros au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en première instance et condamner Monsieur [G] à payer à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux la somme de 1.500 euros au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en cause d'appel et la somme de 1.500 euros à Madame [G] née [U] au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en cause d'appel
PAR CES MOTIFS,
Statuant par arrêt contradictoire, rendu en dernier ressort et par mise à disposition au greffe,
INFIRME le jugement rendu le 4 février 2021 par le tribunal judiciaire de Tarascon en toutes ses dispositions sauf en ce qu'il a dit que les règles juridiques relatives au dépôt ne sauraient trouver application en l'espèce.
STATUANT A NOUVEAU,
DIT que les relations contractuelles entre Monsieur [G], Madame [G] née [U] et la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux sont régies par les dispositions de l'article 1710 du Code civil.
DÉBOUTE Monsieur [G] de l'ensemble de ses demandes.
CONDAMNE Monsieur [G] à payer à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux la somme de 1.000 euros au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en première instance.
Y AJOUTANT,
CONDAMNE Monsieur [G] à payer à la SCA Coopérative Oléicole de la Vallée des Baux la somme de 1.500 euros au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en cause d'appel.
CONDAMNE Monsieur [G] à payer la somme de 1.500 euros à Madame [G] née [U] au titre des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en cause d'appel.
CONDAMNE Monsieur [G] aux entiers dépens de première instance et en cause d'appel.
Cour d'appel, Aix-en-Provence, Chambre 1-7, 1 Septembre 2022 – n° 21/03407
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