De nos jours, tout est scruté, analysé, tourné en ridicule selon les mots que l'on a prononcés ici ou là, selon l'interlocuteur plus ou moins bien intentionné qui est le nôtre.

Et si la prestation compensatoire n'était qu'un malentendu sur le devoir conjugal. En voici un exemple.

Le 28 mai était un samedi, un joli après midi de mariage.

Le cocher venait de stopper le carrosse près du petit pont devant la chapelle, pour permettre à Andromaque grâce à sa petite échelle, de descendre pour épouser son destin. Dos au mur, la chevauchée arrière semblait impossible. Inéluctablement il allait se marier, s'avancer vers l'autel, pour s'unir avec cette déesse aux cheveux longs qu'il convoitait depuis toujours.

Alors qu'au même instant dans le ciel se dessinait un arc en ciel, le vol des mouettes rendait l'atmosphère joyeuse.

A aucun moment Andromaque ne pensa prendre ses jambes à son cou, ni enfourcher un cheval au galop pour fuir le noeud coulant qu'il s'apprêtait à se faire passer au doigt. Il ne pensait qu'au nirvana.

Ces deux là s'étaient connu enfant. Ils avaient fait les quatre cents coups ensembles. Cependant dans leur sagesse enfantine, ils avaient catégoriquement refusé de goûter au péché même à l'âge où tout est tentation.

Et lorsque pour tuer le temps, les enfants s'asseyaient sur le banc à côté d'un ancien qui fumait tranquillement sa pipe, la fillette se targuait de dire : « beurk, je déteste l'odeur de la pipe ».

Andromaque, qui avait une curiosité certaine pour l'ustensile s'amusait à rêver :

« Peut-être qu'avec le temps elle changera de point de vue... ».

Et voilà que cette histoire de mots amène une chute fatale. Andromaque n'a pas pensé à la prestation compensatoire qu'il va devoir verser à sa déesse si la promesse du mariage heureux n'est pas tenue faute pour elle d'avoir perdu ses certitudes et d'avoir pris le temps de s'asseoir pour reconsidérer son angle de vue.