Les limites de la liberté artistique : Peso Pluma à Paris 

L’artiste mexicain Peso Pluma, figure montante de la musique régionale mexicaine, se produira bientôt à Paris, pour le plus grand plaisir de ses fans francophones. Connu pour ses corridos tumbados, il mêle musique traditionnelle, rythmes urbains et textes évoquant la réalité violente de certains territoires mexicains.

Mais cette venue ne fait pas l’unanimité. Plusieurs titres de Peso Pluma sont souvent associés aux narcocorridos, un sous-genre musical qui raconte, parfois avec admiration, la vie de narcotrafiquants ou de criminels. Au Mexique, certains États ont interdit leur diffusion publique. En France, la question se pose différemment, mais soulève également des préoccupations juridiques.

Selon l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881, l’apologie du crime, du terrorisme ou du trafic de stupéfiants est un délit passible de 5 ans de prison et de 75 000 € d’amende. Cette législation s’applique à tout contenu diffusé publiquement, y compris les paroles de chansons. Les artistes et organisateurs peuvent donc être inquiétés si leurs propos franchissent la ligne entre fiction artistique et glorification d’actes criminels.

Pour certains, ces chansons relèvent d’une forme d’expression artistique et d’un témoignage social, donnant une voix aux réalités souvent tues. Pour d’autres, elles représentent une banalisation de la violence et une forme d’incitation indirecte à la criminalité.

Les autorités françaises, attachées à la liberté d’expression, peuvent toutefois interdire un concert ou engager des poursuites si l’ordre public ou les valeurs républicaines sont menacés. Aucun signal officiel n’indique aujourd’hui une volonté de censurer l’événement, mais la vigilance reste de mise.

La venue de Peso Pluma à Paris illustre ainsi un débat plus vaste sur les limites de la liberté artistique. Peut-on chanter tout ce que l’on veut, même si cela choque ou dérange ? Où finit la culture et où commence la responsabilité pénale ?

À l’heure où les frontières entre art, provocation et loi deviennent de plus en plus floues, la question reste posée.