Article de le Nouvelle République du 22 décembre 2015

Ils se sont accusés mutuellement d'être la « nourrice » de l'autre, celui qui cache la drogue pour le compte de la tête de réseau et qui, en contrepartie, reçoit un salaire. Un soir de décembre 2014 à Joué-lès-Tours, Sylvain Cordier, 27 ans, toxicomane, en a eu assez et a tiré sur Abdelmjid Azziz, 43 ans. Heureusement, il n'y eut que des blessures sans gravité. Mais les policiers ont essayé d'en savoir plus sur les raisons de ce tir. Et l'auteur du coup de feu a raconté qu'il était la nourrice d'Azziz qui faisait régner la terreur, et qu'il en avait eu assez. Les perquisitions dans l'appartement d'Azziz n'ont pas permis de saisir de la drogue, mais le chien renifleur a marqué l'arrêt dans de nombreux endroits… A la cave, les policiers ont trouvé 321 g d'héroïne, 44 g de cocaïne.

Pour rendre service

Pour expliquer cette présence, M. Azziz a argué qu'il était la nourrice de Sylvain : « Tout ce qu'on a trouvé dans ma cave vient de chez lui… »Contre un salaire ? Pas du tout, juste pour rendre service à quelqu'un qu'il connaissait depuis longtemps. Pourquoi ce dernier lui a-t-il tiré dessus ? « Sa marchandise était dans ma cave et je lui ai dit que je lui rendrais que s'il me donnait 400 euros. » Toutes ces explications n'ont guère convaincu le ministère public, qui a requis cinq ans ferme contre Azziz et 36 mois dont 12 avec sursis pour Sylvain Cordier. À l'unisson de leurs clients, les avocats se sont passé mutuellement la patate chaude : M ePhilippon, qui défendait M. Azziz, s'est appuyé sur les éléments qui permettaient de penser que son client n'était qu'une nourrice, et M eGruniger-Gouze s'est acharnée à prouver qu'il n'en était rien et que Sylvain Cordier était bien la nourrice. L'enjeu, c'était que la nourrice n'est pas le chef du trafic… Le tribunal a penché pour cette dernière version : 42 mois ferme pour Abdelmjid Azziz et 30 mois dont 6 avec sursis pour Sylvain Cordier.