Devant les discussions qui animent ce blog depuis des mois "science sans conscience"; le "juge et l'actuaire"; le RPVA "pour les nuls"; la justice des "cyborgs"; "le meilleur des mondes" ou "1984" qui introduit un espion dans chaque cabinet...

Permettez moi de vous offrir en ce soir de dimanche, quelques lignes extraites de "Terre des hommes", écrit en 1939 par Antoine de Saint Exupéry, elles résument tout pour moi.

"L'avion à changé la vision du monde d'alors.

Les routes sinueuses, les plus belles et pour cause, ne sont là que pour tromper les hommes: elles vont de jardin en oasis, d'église en noce et banquets, elles relient les hommes mais sont également faites pour faire croire au souverain qui les visite que tout va très bien (Madame la...).

L'avion a autorisé un survol "rectiligne" de la planète, l'aviateur sait où se cache la vie au fond des vallées arides, mais également il connaît les coins sombres et les pièges du royaume.

Et l'homme, dominant la matière, conscient de n'être qu'un fétu ballotté au grès de la rotation des astres trouve sa liberté en épousant la terre qui le retient, en combattant pour son existence même, pour la civilisation, il pose sa pierre conscient de contribuer au construit universel.

Parfois la course peut prendre le pas sur le but..."

Et l'auteur décrit alors un vertige!

Mon regretté Maître, Monsieur le Professeur Bismuth enseignait que la lettre serait morte si elle n'était pas vivifiée par l'esprit.

Tous ces moyens nouveaux que la justice place à son service ne son que des moyens.

Ils ne sont pas plus nouveau que l'avion dans les années 30.

Les cyber routes sont bien moins dangereuses que celles qui éprouvaient les pilotes de l'aéropostale.

Pourtant, il existe d'autres écueils dans le monde virtuel appliqué à la vraie vie que ces lignes, offertes, devraient aider à exorciser.

Bonne lecture.

Terre des hommes - chap. 3 - L'avion (extraits).

"Il me semble qu'ils confondent but et moyen ceux qui s'effraient par trop de nos progrès techniques. Quiconque lutte dans l'unique espoir de biens matériels, en effet, ne récolte rien qui vaille de vivre. Mais la machine n'est pas un but. L'avion n'est pas un but : c'est un outil. Un outil comme la charrue.

Si nous croyons que la machine abîme l'homme c'est que, peut-être, nous manquons un peu de recul pour juger les effets de transformations aussi rapides que celles que nous avons subies. Que sont les cent années de l'histoire de la machine en regard des deux cent mille années de l'histoire de l'homme ? C'est à peine si nous installons dans ce paysage de mines et de centrales électriques. C'est à peine si nous commençons d'habiter cette maison nouvelle, que nous n'avons même pas achevé de bâtir. Tout a changé si vite autour de nous : rapports humains, conditions de travail, coutumes. Notre psychologie elle-même a été bousculée dans ses bases les plus intimes. Les notions de séparation, d'absence, de distance, de retour, si les mots sont demeurés les mêmes, ne contiennent plus les mêmes réalités. Pour saisir le monde d'aujourd'hui, nous usons d'un langage qui fut établi pour le monde d'hier. Et la vie du passé nous semble mieux répondre à notre nature, pour la seule raison qu'elle répond mieux à notre langage.

Chaque progrès nous a chassés un peu plus loin hors d'habitudes que nous avions à peine acquises, et nous sommes véritablement des émigrants qui n'ont pas fondé encore leur patrie.

Nous sommes tous de jeunes barbares que nos jouets neufs émerveillent encore (...)

Notre maison se fera sans doute, peu à peu, plus humaine. La machine elle-même, plus elle se perfectionne, plus elle s'efface derrière son rôle. Il semble que tout l'effort industriel de l'homme, tous ses calculs, toutes ses nuits de veille sur les épures, n'aboutissent, comme signes visibles, qu'à la seule simplicité, comme s'il fallait l'expérience de plusieurs générations pour dégager peu la courbe d'une colonne, d'une carène, ou d'un d'avion, jusqu'à leur rendre la pureté élémen¬taire de la courbe d'un sein ou d'une épaule. Il semble que 1e travail des ingénieurs, des dessinateurs, des calculateurs du bureau d'études ne soit ainsi, en apparence, que de polir et d'effacer, d'alléger ce raccord, d'équilibrer cette aile, jusqu'à ce qu'on ne la remarque plus, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une aile accrochée à un fuselage, mais une forme parfaitement épanouie, enfin dégagée de sa gangue, une sorte d'ensemble spontané, mystérieusement lié , et de la même qualité que celle du poème. Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher. Au terme de son évolution, la machine se dissimule."

En matière de justice, il faudra mettre en adéquation les codes et la technique.

Le logiciel Cassiopée permet cela pour la chaîne pénale...

Qu'en feront les hommes?