Souvenez - vous ce texte d'Apolinaire: la beauté est elle fatalement vénéneuse?

On ne peut pas considérer ce poème comme un sonnet car il y a un découpage décroissant qui construit l'effacement des yeux de la femme aimée mais dangereuse.

A la fin, il reste simplement le poète dans sa douleur, dans un monde où tout s'éloigne. Le poète dit sa mélancolie en construisant une forme qui se superpose à un sens.

Ce soir je pense à Mado, dont les yeux brilleront toujours.

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Le pré est vénéneux mais joli en automne

Les vaches y paissant

Lentement s'empoisonnent

Le colchique couleur de cerne et de lilas

Y fleurit, tes yeux sont comme cette fleur-là

Violâtres comme leur cerne et comme cet automne

Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas

Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica

Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères

Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement

Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent

Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne