Je voudrais avant tout remercier chaleureusement, Monsieur le Maire, et la famille du doyen Marcel MANVILLE, de m'avoir invité à m'exprimer, au cours de cette cérémonie d'aujourd'hui, qui, à mes yeux, est placée sous le signe de la force symbole.
Force du symbole !
Le doyen Marcel MANVILLE, selon sa propre expression, m'a « porté sur les fonts baptismaux de la profession d'avocat ».
C'est moi, en qualité de bâtonnier de l'Ordre, qui eut le redoutable honneur, en décembre 1998, de prononcer son éloge funèbre.
Force du symbole !
Dans sa dernière tranche de vie, le doyen MANVILLE, me parlait souvent de la mort.
Et, comme cela m'effrayait, je lui disais « Arrête Marcel, tu es immortel ! ».
Certes, à ces moments, je pensais à l'immortalité du corps.
Mais, nous savons que l'on est immortel, non par notre corps, mais par nos oeuvres.
L'inauguration de la voie Marcel MANVILLE, participe de cette immortalité.
Force du symbole !
Retenu en Algérie, par ce qu'il considérait comme son devoir d'Avocat-Militant, le 15 novembre 1997, le doyen MANVILLE m'a demandé de le représenter au jubilé ordinal du cinquantenaire de sa prestation de serment.
Dans le texte qu'il m'avait remis, à cette occasion, il avait écrit :
« La Défense à la barre, est et restera jusqu'à mon dernier souffle,
l'ambition orgueilleuse de ma vie... »
Le souffle de sa vie, s'en est allé le 02 décembre 1998, à la Cour d'Appel de Paris, qui avait reçu son serment le 22 octobre 1947, au moment où il s'apprêtait, en robe, à dénoncer le crime contre l'humanité, dont avaient été victimes des manifestants algériens, jetés dans la Seine par des agents des forces de l'ordre, en octobre 1966.
Force du symbole !
C'est que toute sa vie, le doyen Marcel MANVILLE a été Avocat-Militant, défenseur des Libertés et des Droits Fondamentaux de l'Homme, et notamment du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Il admirait la Défense, et celui qui l'exerce avec excellence : « L'avocat vertical », selon son expression préférée.
Le doyen MANVILLE était un éveilleur de conscience.
De cette voie, en face du Palais de Justice, il interpellera directement, tout avocat qui ne serait pas «vertical », et il encouragera tout avocat « debout » dans l'exercice de sa mission.
Et comme tant vaux pour l'Avocat, tant vaux pour le juge, le doyen Marcel MANVILLE, interpellera aussi, de cette voie, la conscience du mauvais juge, citant, comme il aima le faire, Jean-Jacques ROUSSEAU :
« Je suis fatigué d'avoir le droit, mais jamais la justice ».
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