Les drones, qu'ils soient volants (UAV - unmanned aerial vehicle), terrestres, maritimes ou sous-marins, et spatiaux) sont des compléments très utiles de l'activité humaine.

Mi-robots mi-engins pilotés à distance, conçus initialement comme plateforme de support de matériel d'investigation, équipés de sensors, bardés de matériels, ils avancent là où l'Homme ne peut ou ne veut aller. Ils remplacent le mulet, mais bien plus encore.

Remplis d'intelligence artificielle ils renvoient en direct des informations précieuses à l'Homme qui les commande. Ils deviennent une aide à la décision.

Tout naturellement, ils ont été en premier affectés à toutes les missions dangereuses - exploration des cuves radioactives, exploration des épaves sous-marines, recherche de boites-noires, exploration des planètes du système solaire (et "l'infini et au-delà" pour les sondes Voyager).

Puis, l'Humanité étant ce qu'elle est, les militaires ont eu l'idée de leur affecter des missions. D'abord missions d'entraînement (les "cibles" autopilotées), puis missions d'appui tactique (support d'armes et de munitions).

Les unités de sauvetage ont développé leurs drones pour aider les sauveteurs (recherche de personnes, support logistique...)

Les unités de défense urbaine ont développé le leurs pour des missions de surveillance urbaine.

On arrive à présent à des drones de plus en plus sophistiqués, qui vont de l'espion (balle de tennis-caméra ou libellule-transmetteur) à l'avion furtif.

Certaines armées n'hésitant pas à franchir le pas et à doter leurs drones de systèmes d'armes léthales. Transformant le mulet moderne en robot combattant.

L'armée française a fait paraître un appel d'offre afin de préparer une réflexion sur la question de l'utilisation des drones armés en zone de combat. Certaines armes y étant très favorables (marine et aviation) et d'autres s'y refusant (terre).

Il faut en fait distinguer plusieurs catégories de drones armés et plusieurs opérations de combat:

Les opérations de combat sur zones d'exclusion (champs de bataille, fronts conventionnels, déserts...) et celles sur zones urbaines ou mixtes.

1 - les opérations de combat sur zones d'exclusion (champs de bataille, fronts conventionnels, déserts...)

Il est aisé de comprendre à quel point l'utilisation d'armes à contrôle déporté ou automatique peut être un atout fondamental dans une armée moderne : réduction drastique des pertes humaines liées à l'affrontement, et inutilité d'un combat conventionnel - l'adversaire humain n'ayant aucun intérêt à combattre un robot cessera d'autant plus rapidement le combat que le robot continuera à avancer sans craindre de s'exposer. L'effet psychologique de l'intervention du drone peut être un élément de réduction du conflit.

Mais également, il est aisé de comprendre aussi qu'un drone est d'autant plus efficace qu'il a un champ "libre" à surveiller ou protéger.

Ainsi, un drone aérien pourra voler sans fatigue et assurer une suprématie aérienne. Un drone maritime pourra assurer nuit et jour, par tous temps, une surveillance des bâtiments ou ports auxquels il est affecté. ... Le fait également qu'il s'agisse d'un espace d'exclusion rend sa tâche plus facile. IL n'a pas à être confronté à autre chose que des militaires de sorte que sa programmation est simplifiée - amis/ennemis. Un simple transpondeur porté par chaque militaire lui permet de savoir avec précision s'il doit tirer ou laisser le passage.

2- les opérations de combat sur zones urbaines ou mixtes

En revanche, les drones terrestres sont amenés à intervenir en zones mixtes, urbaines, où ils pourront être confrontés à d'autres personnes que des ennemis ou des amis : des Civils. Lesquels sont, par essence, des personnes à protéger.

Comment permettre dans ces conditions qu'un drone armé puisse avoir une mission de tir en zone mixte ou urbaine?

Qui donne les ordres de tir? Peut-on admettre un "ordre automatique" de tir? Ou faut-il restreindre les capacités offensives des drones aux ordres d'un officier responsable de la zone?

Qui assume la responsabilité du tir? L'Officier responsable de la zone de combat? L'informaticien derrière son pupitre qui a programmé la règle de tir?

Quel est en définitive le statut du drone armé? Est-ce une munition? Une arme? Un accessoire du combattant?

Et ultime question : Comment assumer un jour la violation des loi n° 1 et n° 2 posées par Asimov?

1- Un robot ne peut pas nuire à un être humain

2- Un robot doit toujours obéir à un être humain

3- En cas de violation de l'une de ces deux lois, un robot doit se mettre hors-circuit

Est-ce que, en définitive, ces lois conservent un intérêt ou une réalité?

IL faudra bien en concevoir d'autres. Plus "légales". Quel sera donc le statut du drone?

Je vous invite à répondre à ces questions, et à laisser libre cours à vos positions.

Ariel DAHAN

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29/04/2009

Depuis que j'ai posté cet article, les informations relatives aux tests des drones armés se multiplient.

Ainsi, pour le plus récent d'entre eux, un hélicoptère autonome porteur d'un canon asservi à une caméra gyroscopique, que met au point l'Armée américaine.

A la différence des drones armées qui pouvaient exister jusqu'à présent (à voilure fixe, porteur de bombes ou de missiles), l'utilisation d'un drone héliporté vise clairement une confrontation terrestre, immédiatement avant la zone de front.

Pour l'instant, à ce que j'ai pu comprendre, l'ordre de tir est toujours contrôlé par l'homme (pilote déporté). Cependant, selon toute vraisemblance, l'UAV est autopiloté, même si un pupitreur peut certainement reprendre la main. Un pas de plus vers la guerre sans soldats? Le débat se relance...

Ariel DAHAN

Avocat